SERBIE – ex-YOUGOSLAVIE

Prof. dr sc. med. Bratislav B. Petrovic,

Spéc. de neuropsychiatrie et de psychothérapie

Membre de la Présidence de l' Association Yougoslave pour le Droit médical, Beograd

Les sectes

Un nouveau problème social et medico-psychologique

Les sectes contemporaines présentent un nouveau champ de la pathologie sociale et de la psychopathologie, incluant de nombreuses manifestations psychiatriques, voire même une nouvelle forme de dépendance psychique et physique avec un vrai syndrome d’abstinence.

Les médecins spécialisés en psychiatrie s’intéressent à la personnalité du gourou, aux manipulations mentales et enfin à la personnalité des adeptes-victimes des sectes.

C ’est ainsi que l’on peut parler de la personnalité pré-adepte et de la personnalité post-adepte. Cette notion très importante concerne la psychothérapie, la pharmaco-thérapie aussi bien que la sociothérapie.

Il faut avoir en permanence à l’esprit que les jeunes de 15 à 25 ans sont très fragiles suis generis.

La manipulation mentale

est l’influence d’une personne ou d’un groupe sur un autre individu, pratiquée avec professionnalisme et adresse afin de réaliser quelque but, provoquant des effets sur : les émotions, l’opinion, la volonté, la croyance, l’intelligence et le comportement.

Nous savons que l’homme ressent en permanence et qu’il pense de temps en temps.

Cela fait partie des lois psychologiques car les pensées sont influencées par les émotions. C’est pourquoi un homme sage « homo sapiens » peut réellement changer de comportement et devenir « homo stupidus » sous la pression émotionnelle.

Un individu peut perdre son identité : personnelle, familiale, sociale, religieuse et enfin, nationale sous la pression d’un manipulateur, gourou, maître, guide, ou instructeur ou sous la pression d’un groupe. Ce sont là des conséquences de la manipulation mentale.

Que se passe-t-il dans l’esprit d’un enfant ou d’un adolescent pendant et après la manipulation mentale ?

Il faut souligner tout d’abord que les constituants normaux des jeunes sont essentiellement : l’anxiété, la sub-dépression, la dépression, l’auto-agressivité, l’hétéro-agressivité, l’impulsivité, l’ambivalence et l’ambitendance, et l’instabilité émotionnelle en général.

Le processus de maturation de la personnalité comprend la maturation émotionnelle, la maturation intellectuelle, la maturation sociale et la maturation psycho-sexuelle. Cette période se termine vers l’âge de 25-27 ans.

Par la manipulation mentale, on renforce la phénoménologie des constituants essentiels normaux de l’adolescence et on va même jusqu’à produire des symptômes : l’anxiété et l’angoisse, la peur, la dépression, l’état de doute, l’anhédonie, une fatigue chronique, la tristesse, l’épuisement psychique et physique, puis une dépression d’épuisement, la privation de sommeil, le sentiment de culpabilité, l’auto-accusation, l’aliénation de son entourage primordial, familial et social, une dissolution de la perception de son ego et la destruction de l’EGO IDEAL. L’estime de soi est remplacée par l’estime du NOUS, du groupe. On se construit une nouvelle identité (on s’identifie au groupe sectaire). On développe un état de passivité totale et enfin, après le « lavage de cerveau », on arrive à une obéissance et une adhésion totale.

On provoque un arrêt du processus de maturation et une infantilisation d’un adolescent.

L’adolescent se trouve dans sa prison émotionnelle. Pour terminer, l’adepte-victime d’une secte est devenu l’esclave dans sa propre geôle.

Les sectes font vraiment le « liberticide » d’un adolescent, avec une grande souffrance humaine et des drames familiaux.

Le processus de manipulation mentale commence avec le phénomène de « la grenouille cuite » et se termine par le phénomène de liberticidité d’un adepte-victime de secte.

Ce sont brièvement décrits les bases des mécanismes psychologiques qui font tomber un enfant ou un adolescent dans le panneau sectaire.

Les aspects neurophysiologiques de la dépendance psychique et physique dans les sectes.

Hormis le modèle psychologique de dépendance sectaire, il existe aussi un modèle neurophysiologique de dépendance sectaire.

Selon les recherches de Najt, 86 % des adeptes qu’il a examinés présentaient des symptômes de psychotraumatisation qui étaient la conséquence d’une manipulation mentale.

Il en résultait des cauchemars dans 48 % des cas et jusqu’à 97 % en cas de maltraitance verbale.

Selon les recherches de Lemgom, Greis et al. , 83 % d’adeptes souffraient d’une grande peur.

Quelles sont les réactions biochimiques du cerveau pendant la psychotraumatisation ?

Par les manipulations mentales, on provoque tout d’abord une déstabilisation mentale. Cette déstabilisation conduit à une psychotraumatisation, une blessure psychique, émotionnelle et cognitive.

Dans les situations stressogènes, une réaction chimique du cerveau provoque la production « des hormones du bonheur » : les endorphines et les encéphalines comme les opiates internes. Elles ont un effet analgésique et anxiolytique. Le sujet est vraiment calmé, il n’a plus de douleur physique, ni de souffrance psychique. Une « bonne humeur » s’installe avec un apaisement des tensions émotionnelles. L’agressivité diminue. Bien souvent, la victime pense : « J’ai réussi ! » car en tant qu’adepte, il a ressenti « l’état du bonheur » promis.

Mais, aussitôt les enzymes pepsidasés dissolvent les opiates internes entraînant alors un syndrome abstinentiel, avec apparition de : peur, anxiété et angoisse, irritabilité, augmentation de la nervosité, disomnie puis insomnie, puis dépression très grave avec épuisement affectif et physique suivi de troubles neurovégétatifs.

Dans ce cas de syndrome abstinentiel, l’adepte retournera à sa secte destructrice et à son gourou qui lui provoquera une nouvelle psychotraumatisation et une nouvelle déstabilisation par manipulation mentale.

Il faut savoir que 46 % d’adeptes ne peuvent se libérer de la répétition de mantras (répétition pendant des heures de mots incompréhensibles), pour stimuler la sécrétion des « hormones du bonheur », les endorphines et encéphalines qui produisent un état anxiolytique et analgésique. L’aboutissement est un syndrome de Sisyphe, où l’anxiété, la nervosité, l’insomnie, les troubles neuro-végétatifs ramènent impérativement vers le manipulateur.

La souffrance diminue ; il en résulte une sorte de décérébration des adeptes .

L’effet produit est un épuisement psychique et physique, « le syndrome de la « chambre vide » - pas de cerveau, pas de souffrance ». Nous avons enfin un état de pacification totale, avec impuissance de l’individu à y faire face.

L’adepte-victime de la secte est devenu esclave de sa propre prison.

CONCLUSION

Notre point de vue est que les mouvements sectaires font une sorte de « guerre néocorticale », une guerre spécialisée par l’intelligence.

Nous croyons qu’il est possible de faire face aux sectes et qu’on peut y arriver.

A l’heure actuelle, je rappelle aux jeunes hommes :

NON : « Primum vivere deinde philosophari » -« Vivre après quoi philosopher »

Mais bien :

« Primum philosophari deinde vivere » ! « D’abord philosopher après quoi vivre »

Il faut avoir une vision claire de l’existence.

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