BELGIQUE

Barcelone, mai 2002

OUTIL PEDAGOGIQUE

"Enfance et sectes"

Aurore BASTIN

AVCS Association des victimes des comportements sectaires –

Warre 45 - B-6941 TOHOGNE -

  1. Présentation
  2. Je suis institutrice primaire depuis juin dernier. Comme lors de toutes études supérieures, j'ai dû réaliser un travail de fin d'études.

    J'ai choisi un thème peu abordé dans la formation des instituteurs primaire.

    Mon travail de "Prévention sectes à l'école primaire" est d'ailleurs un premier en Belgique au-delà des essais personnels de certains professeurs par exemple au cours de religion.

    Pourtant dans les sectes les plus répandues en Belgique, les enfants de sectes sont nombreux à fréquenter l'école officielle, que ce soit dans l'enseignement communal ou dans l'enseignement de la communauté française. Et rares sont les enseignants qui dans leur classe n'ont jamais eu des enfants dont les parents font partie d'un mouvement sectaire. En début d'année scolaire, certains d'entre-nous ont peut-être déjà vécu des entretiens avec des parents d'enfants expliquant à l'enseignant leurs croyances et le pourquoi des non-participations à certains évènements de classe.

  3. Mes motivations
  4. Bien sûr, comme tout bon citoyen, je pense être tolérante. Chacun est LIBRE de faire, de penser et de croire à ce qu’il veut.

    A la seule condition que ces croyances n’aient pas de conséquences sur les autres et en particuliers sur les enfants.

    Or, bien souvent, comme j’ai pu le lire dans de nombreux ouvrages mais surtout le vivre, les enfants sont « victimes » des croyances de leurs parents.

    Ils ne sont pas libres de leurs croyances… ils doivent suivre leurs parents et leur obéir et cela bien souvent au détriment du respect de leurs droits.

    C’est pourquoi j’ai décidé d’informer des enfants de 10/11 ans sur le danger des comportements sectaires.

    Ainsi, lorsqu’ils seront en âge de décider de leur avenir, ils pourront poser leurs choix.

    On pourrait se demander pourquoi commencer une telle prévention si tôt, je réponds en disant que si l’on part du même principe que pour l’apprentissage des langues, plus on s’y prend tôt, meilleur sera le résultat.

    La partie pratique de mon travail de fin d'étude s'est déroulée lors d'un stage de trois semaines. Un laps de temps fort court car devaient aussi être données les leçons de mathématique de français et d'éveil !

  5. Ma méthode

C'est pourquoi, j’ai décidé d’aborder le sujet par l’intermédiaire d’une lecture.

Ce livre a été lu en suivant le principe d'un cercle de lecture. Il s'agit d'un procédé didactique mis en route et expérimenté par Monsieur Serge TERWAGNE et Mesdames Annette LAFONTAINE et Sabine VANHULLE du Service de pédagogie expérimentale de l'université de Liège

Chaque enfant a reçu un cahier de semences ou carnet de bord du cercle. Il s'agit d'un cahier ordinaire dans lequel l'enfant note toutes les impressions qu'il ressent lors de la lecture du livre.

Le livre a été lu entièrement mais chapitre par chapitre et de façon variée. J'ai lu le premier oralement, puis ils ont lu le deuxième individuellement et en classe, le troisième à domicile et ainsi de suite.

A la fin de chaque chapitre les enfants devaient inscrire toutes leurs impressions dans leur cahier de semences.

Afin de les aider à rédiger leurs impressions, j’ai réalisé une affiche qui est restée aux murs de la classe pendant tout le stage ainsi que dans leur cahier.

De quoi discuter?

De ce qu'on pense du livre
De l'ambiance, de l'atmosphère
Du titre
Du bon choix des mots, du vocabulaire
Des images
Du caractère des personnages: ceux que j'aime, ceux que je déteste,…
De l'histoire: de quoi parle le livre
Des mots et passages du livre que je trouve intéressants, spéciaux...
Mes sentiments, mes émotions pendant la lecture
Moi et le livre: a quoi il me fait penser dans ma vie

Ensuite, par petits groupes de trois, les enfants devaient discuter du livre et de leurs impressions. Afin de les aider dans leur discussion, une affiche était également disposée au mur.

 

Comment discuter?

Pour la plupart des chapitres cette discussion en petits groupes était suivie d’une discussion collective en groupe classe. Ce qui a permis de faire le point et de répondre aux questions éventuelles des élèves.

Ensuite, j’ai voulu montrer aux élèves que ce qui est relaté dans le roman n’est pas uniquement de la fiction et que les sectes ne respectent pas certains droits de l’enfant.

Pour cela, j’ai demandé aux élèves quelles définitions on pouvait trouver du mot secte. Ils se sont servis pour cela du livre le manoir invisible, de leurs dictionnaires et des définitions diverses que j’avais indiquées au tableau.

"La dernière de ces définitions définissait la secte comme une association qui viole les droits de l’enfant".

Il convenait donc de voir avec eux ce que sont les droits de l’enfant.

Ensuite, nous avons essayé de voir comment les droits de l’enfant étaient bafoués par la Roseraie (secte décrite dans le livre).

J’ai ensuite raconté aux enfants des exemples réels ressemblant à ceux décrits dans le livre.

Je tiens à signaler que je n'ai jamais cité aucun nom de secte et que j'ai juste dévoilé des comportements sectaires.

Les élèves ont ensuite reçu la visite de Michèle et Siggy d'AVCS et de l'OLS. Ceux-ci ont expliqué plus en détail le fonctionnement d’une secte et ont répondu aux questions des élèves.

Après tout cela, j'ai proposé aux enfants de réaliser quelque chose afin d'effectuer une brève prévention aux enfants des classes inférieures.

Ils ont décidé de créer une pièce de théâtre en se servant du livre et des faits réels que je leur avais relatés. A partir des photos de leur pièce, un roman-photo a été réalisé. C'est ce dernier qui se trouve dans l'entrée.

Un résultat à court terme est évidemment impossible à distinguer puisque la prévention comme son nom l'indique est un ensemble de mesures prises en vue d'éviter un comportement futur.

Je pense qu'un tel travail pourra être renouvelé mais en le menant sur une plus longue durée. Effectivement, trois semaines pour faire tout cela, c'est peu! Nous sommes certainement passés à côté de certains détails du livre qui auraient été intéressant à relever et des décors pour la pièce de théâtre auraient pu être réalisés.

Si je devais recommencer l'étape où j'ai relaté des faits réels afin de comparer le roman et la réalité, j'essayerais de rendre les élèves plus actifs.

C'est pourquoi, pour la défense de mon travail, j'ai préparé une nouvelle version basée sur une lecture de documents avec questions à répondre, un peu comme on procéderait pour une leçon d'histoire.

* * *

Pour ceux qui désirent essayer une prévention dans leur classe de primaire, mon travail est disponible

Références du livre utilisé dans mon travail: Geneviève SENGER, Le manoir invisible, Casterman Huit et Plus, 1997.

Pour ceux qui désireraient appliquer ma méthode mais pour une classe de secondaire d'autres livres pour enfants et jeunes existent:

Et pour les plus petits