ABSTRACT Alexander L. DVORKIN

ABSTRACT

RUSSIE

Alexander L. DVORKIN

– Professeur
– Directeur de « St-Irenaeus of Lyon Center of Religious Studies »

Considérations sur les dérives sectaires
dans le domaine de la santé au sein des pays de l’ex-URSS.

  • Le professeur Dvorkin a débuté directement sa présentation par l’exemple Nadezdha Antonenko et du Centre de médecine et de réadaptation de Nadezdha (ESPOIR).
    Elle prétend avoir reçu au cours de manifestations paranormales une puissante énergie et le don de guérir le cancer : ses pouvoirs lui permettraient ainsi de « téléporter » les maladies du corps des patients dans des bases remplies d’une solution énergétisée par ses soins, les maladies y demeureraient captives seulement si les patients obéissent aux règles qu’elle édicte. Elle rejette la responsabilité des excès sur les incrédules qui par leur énergie négative feraient repasser les maladies des vases vers le corps. Le diagnostic systématique de cancer en phase terminale pour toute pathologie permet à Nadezdha Antonenko de se prévaloir de guérisons qui n’en sont pas en réalité.
  • L’intervenant a dans un deuxième temps expliqué la raison principale de la multiplication des sectes guérisseuses en Russie : elles se présentent comme des alternatives à la médiocre médecine d’Etat étranglée par l’insuffisance de moyens. Elles séduisent d’autant plus qu’elle se parent d’un masque scientifique sécurisant pour une population éduquée du temps de l’U.R.S.S. dans le culte de la science. Le conférencier a classé les sectes utilisant un appât médical en quatre groupes dont il déduit les principales composantes dans la suite de son exposé.
  • Le professeur a alors traité du premier groupe de sectes : celui dont l’objectif principal est la guérison. Il a plus particulièrement insisté sur le groupes de médecine soufie de Mr Mirzakarim Norbekov et sur l’Académie des problèmes frontaux de Boris Zolotov : les deux sectes conditionnent en fait leurs adeptes à des pratiques sexuelles de groupes. Celle de Boris Zolotov est extrêmement destructrice par les perversités de tous types infligées aux participants de ses séminaires. Le conférencier a clos son chapitre par la très puissante secte de Porfiry Ivanov, le père de la valéologie ou science de la santé qui était enseignée encore dans la quasi-totalité des écoles russes. Le gourou aujourd’hui décédé prétendait que vivre nu sans boire ni manger conduisait à la vie éternelle. Les principals sont actuellement toujours appliqués dans les écoles, les orphelinats et l’armée du Kazakstan et au Kyrgistan. Si la valéologie a pu être supprimée des programmes des lycées grâce aux protestations des croyants orthodoxes, elles perdurent cependant sous d’autres appellations dans de nombreux établissements, universitaires en particulier.
  • L’intervenant a poursuivi en présentant le deuxième groupe de sectes : celles qui misent une grande partie de leur propagande sur les promesses de bonne santé. Il a d’abord rappelé les principales caractéristiques de l’Eglise du dernier Testament. Son gourou est Sergey Torop qui se prétend être la nouvelle incarnation du Christ : VISSARION. Près de 5.000 adeptes vivent autour de lui en Sibérie et construisent la Sun-City, une ville totalement écologique présentée comme ultime refuge pour la fin du monde annoncée entre 2003 et 2015. En seront sauvés uniquement ceux qui auront suivi scrupuleusement les règles édictées par le Messie : dont interdiction de boire de l’eau et interdiction de recourir à quelque médecine que ce soit mais par contre adoption de l’urinothérapie et de l’esthétothérapie. Dans ces conditions, les décès sont nombreux et probablement largement sous-évalués faute de registre. La secte se coupe de plus en plus du monde en s’enfonçant dans la taïga.
  • Le professeur Dvorkin a ensuite abordé les sectes néopentencôtistes sous l’angle de deux de leurs techniques de manipulation : l’hypnose Ericksonienne qui provoque hystérie collective et état de transe et ensuite ce qu’il appelle « syndrome des vêtements de l’empereur nu », c’est-à-dire le pouvoir accordé aux mots s’ils sont dits dans la foi. Si le professeur Dvorkin reconnaît l’existence des guérisons psychosomatiques, il dit n’avoir encore jamais rencontré à ce jour de guérisons de maladies organiques par ces techniques.
  • Le conférencier a ensuite évoqué le troisième groupe de sectes, celui des psychosectes en ciblant celles qui proposent la désintoxication des drogues comme les sectes néopentecôtistes, la secte Moon, la scientologie/ Narconon et 3HO (Healthy, Happy et Holly Organisation) avec son centre Kundala. Il a aussi constaté les liens existant entre diverses psychosectes.
  • L’intervenant a, pour terminer, rapidement évoqué le problème du quatrième groupe de sectes : celui des guérisseurs occultes et celui des sorciers. Il a cité les deux plus célèbres d’entre eux : Anatoli Kashpirovsky et Alan Chumak très médiatisés par la télévision.
  • Si le professeur Dvorkin s’est ensuite félicité des deux décrets signés en 1996 par le ministère de la santé de Russie pour lutter contre les sectes dans la médecine publique, il en a aussi exprimé le souci de certains chrétiens orthodoxes quant à la position à adopter vis-à-vis de la loi concernant le refus de transfusion sanguine par les Témoins de Jéhovah. Considérant l’occultation faite par la médecine d’Etat sur la question, ils craignent que cette question ne constitue un précédent pour une action d’ordre légal future contre ceux qui refusent les pratiques occultes des guérisseurs. Il a pour finir déploré l’explosion du nombre de sectes (plusieurs milliers) dans les pays de l’ex U.R.S.S. Il a conclu en rappelant de nouveau les relations de cause à effets entre la pauvreté du système public de soins et la prolifération des sectes et des charlatans.

Débat :
Le professeur Dvorkin a insisté sur le soutien de l’Europe à son Centre pour faire en particulier contrepoids aux pressions exercées par les Etats-Unis.