Kent

Education et re-éducation dans des organisations idéologiques et leurs enjeux pour les enfants

Stephen A. Kent , Ph.D., professeur de sociologie, University of Alberta, Edmonton, Canada

Cet article, à l’origine, a été édité dans la revue Cultic Studies Review (www.culticstudiesreview.org), vol. 4, numéro 2, 2005. Sa réimpression est autorisée.

Condensé

Cet article essaye d’identifier des points communs parmi des religions alternatives et d’autres idéologies, très recherchées, qui expliqueraient pourquoi tant de ces groupes ne gardent pas leurs jeunes « dans la foi » quand ceux-ci deviennent adultes. Ma thèse se base sur le fait que c’est la pression continue, partie intégrante de l’adhésion sectaire, et la manière utilisée dans ces groupes pour resocialiser les convertis de première génération qui rend fréquemment l’éducation de la deuxième génération insuffisante pour assurer leur fidélité au cours de leurs jeunes années.

Une conséquence inattendue des nombreuses conversions de jeunes gens dans des sectes controversées et des soi-disant « cults » [groupes fermés à prétentions religieuses] au cours des années 1960 et 1970 a été la vague de défections d’enfants devenus adultes au cours des années 1990 et dans le siècle présent.

Alors qu’il n’existe aucune étude analysant de manière systématique combien de membres de la seconde génération ont abandonné les croyances adoptées par leurs parents, on a des difficultés à nommer un quelconque groupe sectaire, notoire il y a 30 ans, qui a aujourd’hui encore « dans la foi » un grand nombre d’enfants devenus adultes qui à leur tour élèvent leurs enfants dans cette foi. Un livre récent, par exemple, par le journaliste spécialiste des religions du San Francisco Chronicle, Don Lattin, contient des entretiens avec beaucoup d’adultes qui ont grandi lors de l’explosion sectaire américaine des années 60 et des années 70. Lattin a constaté que certains de ces individus « ont gardé la foi et l’ont passée à une troisième génération » (Lattin, 2003:3). Plus courant, cependant, étaient ces enfants adultes qui avaient renoncé aux fois de leurs parents. Un « thème qui est commun à presque toutes » les histoires qu’il a recueillies de ces enfants adultes de l’âge de Verseau, et qui ont probablement un long chemin vers l’explication du pourquoi ils ont choisi de ne pas continuer dans les fois de leurs parents, « est le sentiment que maman et papa n’étaient pas assez présents » (Lattin 2003:240). « Pendant que leurs parents étaient occupés à propager l’évangile de la contre culture, les gosses étaient souvent laissés dans les pépinières, les internats, et les fermes communales. Certains ont été abandonnés et abusés et ont quitté le groupe dès qu’ils l’ont pu. »(Lattin, 2003:2-3).

Les faits les plus notables ont été la défection d’enfants mécontents issus de groupes menés par différents chefs et l’élite de ceux-ci. Parmi ces personnes se trouvaient les premiers « enfants parfaits » de l’Eglise de l’Unification, nés de disciples Occidentaux. Ainsi Donna Collins, qui a exposé dans les règles sa vie au-dedans, et sa sortie de l’organisation du Rev. Moon (Lattin, 2003 :189-199 ; Orme-Collins, 2002). La belle-fille de Moon l’a fait aussi. Nansook Hong, dont le livre sur son tragique mariage avec l’un des fils de Moon dépeint un portrait dérangeant de la famille Moon (Hong,1998).

Examinant un autre groupe, la rébellion de la seconde génération contre des violeurs de la première génération de Hare Krishnas a pris des proportions presque épiques lorsque les jeunes adultes ont placé d’écoeurantes histoires sur Internet concernant les viols de leurs enfances (Voice, 1996), et qu’environ 80 d’entre eux se sont groupés pour entreprendre un procès contre certains des membres âgés de l’organisation et contre l’organisation elle-même (United States District Court, 2000 ; voir Lattin, 2003 :81-95). Une dynamique très similaire s’est développée récemment de la part d’enfants adultes issus de la première génération de membres des Enfants de Dieu, qui cherchent des avocats pour lancer un procès en leur nom sur les abus qu’ils ont prétendument subis. Bien sûr, le biographe du groupe le plus récent, James Chancellor, a conclu que presque tous les gens qui étaient nés dans les Enfants de Dieu au cours des premières années 70, ont quitté l’organisation (Chancellor, 2000 :242). Sa prédiction selon laquelle encore plus de gens de la cohorte suivante (vraisemblablement nés au cours des dernières années 70 et des années 80) resteront dans le groupe reste encore une hypothèse (Chancellor, 2000 : 242).

Cet échec pour garder l’attachement des enfants de la première génération présage mal pour ces sectes, étant donné que « sans socialisation effective un mouvement souffrira de pertes et de défections lorsque ses plus jeunes membres vont grandir et quitter la/les foi{s})» (Stark, 1987 : 24). Si effectivement, ma thèse est exacte en suggérant que la défection de la jeunesse est un problème des sectes qui traverse l’ensemble idéologique, alors on doit se demander si ce qui est partagé au-delà des frontières de la croyance peut constituer des facteurs [de défection]. Pour l‘essentiel, les chemins que prennent les cults (groupes fermés à prétentions religieuses), et les groupes ayant des idéologies contraignantes fonctionnent comme des unités de contrôle social de mise sous influence. Elles aliènent de grandes parties de la seconde génération, dont les membres soit sont nés au-dedans, soit ont été amenés dans ces groupes sans avoir eu le choix. Si la recherche sur les défections dans la seconde génération à partir des principales religions procure des indications sur ce qui est arrivé dans ou à l’intérieur de plus petits groupes, alors les données suggèrent que de médiocres relations entre parents et enfants contribuent souvent à la défection des enfants, quand ils deviennent assez grands pour quitter (Hood, et, al. 1996 : 98). Des déficiences existent donc de façon apparente dans la socialisation et dans l’éducation du jeune mais ces déficiences apparaissent comme parties intégrantes du systèmes sectaires ou des groupements idéologiques, étant donné que beaucoup d’entre eux témoignent du refus des enfants à suivre les traces de leurs parents.

Certainement les doctrines, les croyances et les pratiques de certains groupes particuliers élèvent ou diminuent le contenu et la qualité éducative pour la seconde génération, et la chimie unique des personnalités composant la famille a des conséquences à long terme sur toutes les parties impliquées. Cependant, un modèle présenté récemment à propos de ce que le psychologue Anthony Stahelski, a dénommé « les cinq phases du conditionnement socio-psychologique » (Stahelski, 2004), employées par des terroristes et des « cults », procure un modèle à partir duquel je peux identifier ce corps de facteurs communs à la première génération de convertis, qui vraisemblablement ont un impact sur les membres de la seconde.

Les cinq phases du Conditionnement Socio-Psychologique selon Anthony Stahelski

Le premier objectif de Stahelski était de voir ce qui produisait du terrorisme. Pourtant sa recherche empiétait sur les études relatives aux origines des « cults » parce qu’il déclarait « des chercheurs sur le terrorisme ont comparé les groupes terroristes à des « cults », et ils ont conclu que le modèle « cult » est applicable aux groupes terroristes » (Stahelski, 2004). Ce modèle « cult », qu’il a créé cependant, apparaît comme une invention purement à lui. Il s’étendait jusqu’à des concepts comme déshumanisation et démonisation, qui sont des platitudes dans la littérature socio-psychologique, mais il a aussi donné des sens dérivés créatifs par rapport au sens habituel du terme tel que « dé individuation » ; et il a introduit un nouveau mot tel que « dé-pluralisation », comme une partie de son modèle de resocialisation. Il a soutenu que « la plupart des « cultes » sont centrés sur un leader charismatique », qui fournit « aux adhérents des existences pleines de sens », et qui comble « leurs besoins d’affiliation », avec en retour « des demandes et des dons d’obéissance inconditionnelle de la part des affiliés » (Stahelski, 2004) Ces affiliés, ou recrues sont « extrêmement vulnérables au processus de conditionnement socio-psychologique en quatre phases employés dans les « cults » violentes » . Ce sont :

  • Phase 1- dépluralisation : arracher toutes les autres identifications autres que celles des membres du groupe.
  • Phase 2- désindividualisation : supprimer l’identité personnelle de chacun des membres
  • Phase 3- désindividualisation des autres : rejet des identifications personnelles des ennemis.
  • Phase 4- déshumanisation : identification des ennemis à des sous-hommes ou non-humains.
  • Phase 5- démonisation : identification des ennemis à des démons (Stahelski, 2004).

Comme moyen de distinguer parmi les différents types de groupes, Stahelski donne : « La phase de déshumanisation sépare les groupes haineux extrémistes des groupes non-violents, des groupes qui ne déshumanisent pas » (Stahelski, 2004).

Visiblement aussi les « cultes » non-violents ne déshumanisent pas les autres, étant donné que cette phase empêche « l’avènement du remord consécutif à l’action de tuer » chez ceux qui envisagent de tuer leurs ennemis présumés (Stahelski, 2004). Ils ne tuent pas non plus les transfuges et/ou leurs familles (Stahelski, 2004). Par ailleurs, aussi bien les terroristes que les recrues des « cults » rencontrent « de puissantes influences qui rendent la résistance au conditionnement presque impossible » (Stahelski 2004).

Stahelski n’examine pas les conséquences concernant l’éducation de la seconde génération, mais je montre que ces phases se traduisent en comportements et en attitudes parmi les membres qui contraignent et confinent leurs relations sociales, y compris celles de leurs enfants et des jeunes. Bien sûr, dans plusieurs cas les leaders de groupes ont complètement prohibé les enfants de leurs organisations, mais, plus vraisemblablement c’était le scénario dans lequel les interactions des adultes avec les enfants ont souffert à cause de la rééducation que les parents avaient entreprise en conformité avec celle du groupe d’appartenance.

Je vais entrer dans chacune des phases de Stahelski, en même temps que dans sa brève discussion sur le charisme, et je ferai quelques modifications par rapport à ses propos.

Je donnerai aussi des exemples montrant à quel point des groupes variés ont illustré ces phases.

Par la même occasion je suggérerai les implications que vraisemblablement les exemples ont eues sur la seconde génération.

Le Charisme

Le poinçon du charisme, tel que Weber l’a défini il y a presque un siècle est un accès à des pouvoirs ou à des dons spéciaux, uniques, mêmes divins. Comme l’a écrit Weber, le charisme est :

une certaine qualité d’une personnalité individuelle grâce à laquelle il, ou elle est considéré comme extraordinaire, et traitée comme douée de pouvoirs et de pouvoirs surnaturels, surhumains. Celles-ci ne sont pas accessibles à une personne ordinaire, mais sont considérés comme d’origine divine ou exemplaires. Sur cette base l’individu concerné est traité comme un «leader » (Weber, 1978 : 241).

Stahelski, à son tour,mentionne de nombreuses caractéristiques qu’ont fréquemment les leaders charismatiques : « La présence physique, l’intelligence, l’expérience, l’éducation, l’habileté, l’éloquence, avec la claire perspective de la mission, et, très important, un puissant attrait émotionnel » (Stahelski, 2004 : 32). Cette liste pourtant omet ce qui réellement peut constituer le trait majeur des leaders charismatiques, du moins pour ceux qui créent de nouvelles religions : des degrés variés de dysfonctionnement bio-psycho social, des dysfonctionnements de la personnalité et/ou des déséquilibres psychologiques.

Le terme de dysfonctionnement bio-psycho-social comporte le fait que certaines personnes sont porteuses d’anomalies biologiques, hormonales, ou génétiques, qui peuvent causer ou se combiner avec des désordres psychologiques qui ont à leur tour un impact négatif sur leurs activités dans le domaine social. Certains de ces dysfonctionnements peuvent avoir leurs racines dans l’enfance ; d’autres peuvent survenir plus tard dans la vie. En particulier à l’âge adulte, ces facteurs débilitants peuvent avoir été exacerbés et/ou aggravés par la drogue et l’abus d’alcool, ainsi que par des idées violentes ou irrationnelles qui existent dans les domaines religieux ou culturels, dans lesquels vivent ces gens (Kent, 2004 : 104-109 ; Roy, 2000 :394-395) ; Whitsett and Kent, 2003 : 493-494). Les gens encombrés de ces facteurs ont des interactions défectueuses avec les autres ; leur comportement est hors normes. ; ils ont une perception inhabituelle de leur propre valeur, et ils demandent de la déférence à leur entourage. Alors que certains « chercheurs » sont repoussés par ces caractéristiques bizarres, d’autres voient les constellations de caractéristiques inhabituelles comme des signes de charisme spirituel.

L’histoire des religions alternatives abonde de leaders dont les fidèles considèrent qu’ils sont charismatiques, mais que des observateurs à l’extérieur considèrent comme des troubles fonctionnels de la personnalité, ou même des maladies mentales (Stor, 1966). De plus les chercheurs peuvent s’imaginer la difficulté qu’ont eue les enfants de leaders à vivre avec ces parents extraordinaires, étant donné que ces enfants souffraient directement des conséquences du dysfonctionnement charismatique paternel ou maternel. Par exemple le fondateur des Enfants de Dieu, David Berg, posait devant ses fidèles et adorateurs au Prophète de Dieu pour la fin des temps, alors qu’en réalité il était probablement un hétérosexuel pédophile mixte (c’est-à-dire qu’il avait des rapports sexuels avec à la fois des femmes et des enfants). Il était aussi alcoolique. Un de ses fils, Aaron Berg, est mort mystérieusement d’une chute en montagne en Suisse en 1972, et beaucoup considèrent que ce fut un suicide (Davis [Linda Berg], 1984 : 128-129). Cependant il n’y a pas de mystère quant à la mort du beau-fils de Berg, Ricky Rodriguez, qui quelques heures avant de tuer la nourrice de son enfance (et rapidement après, lui-même) a laissé une vidéo exprimant sa rage quant à son enfance hyper sexualisée, [Goldstein, 2005]. De même que Berg, le leader des Branch Davidians, David Koresh, semble avoir aussi été un hétérosexuel pédophile mixte. Il a refusé de libérer ses douze enfants biologiques vers les autorités lors du siège de son ranch, et ils furent effectivement parmi les 21 enfants qui sont morts dans l’incendie (Tabor et Gallagher, 1995 : 231 n.22 ; 55). Le fondateur de la Scientologie, L. Ron Hubbard, était vraisemblablement affligé de narcissisme et de paranoïa, aggravée plus tard d’abus de drogues. (Atack 1990 : 119, 131, 171, 372 ; Kent 2004 : 106). Son fils Quentin s’est suicidé, visiblement à cause de son homosexualité, mode de vie qu’abhorrait son père. (Miller 1987 : 303).

Le fondateur de ‘Eglise de l’Unification, le Révérend Sun Myung Moon, se croit le Messie, (Chambers 1982) pourtant un de ses fils, Young Jin Moon, apparemment a sauté ou est tombé de sa chambre au septième étage de son hôtel à Las Vegas en novembre 1999 (Schoenmann 1999). Le fondateur de People’s Temple, Jim Jones, a eu un moment donné le diagnostique de « paranoïa avec fantasmes (délusions) de grandeur » (Reiterman et Jacobs, 1982 : 262), et sa famille le regardait glisser vers des comportements destructifs croissants et trompeurs. La tension sur son fils biologique Stephan, s’est a aggravée au fur et à mesure que la vie familiale se détériorait à cause de son coureur de jupon de père, de l’hypocrisie et l’abus de drogues de celui-ci. Ceci et d’autres influences ont conduit le jeune homme à prendre des overdoses de Quaaludes par deux occasions (Reiterman et Jacobs, 1982 : 125, 310).

Pour anecdotiques que soient ces faits, que plusieurs des principaux leaders de sectes des années 70 ont eu des enfants qui n’ont pas pu supporter la vie à l’ombre de leurs parents charismatiques, est remarquable. Les pressions subies du fait d’être l’enfant d’un « divin » étaient vraiment trop à supporter. Le charisme, semble-t-il, procurait de pauvres charpentes où élever le jeune, et nous ne pouvons que nous demander pourquoi il en a été ainsi. Un facteur probable était l’hypocrisie que ces jeunes constataient entre la figure publique et la vie privée de leurs parents. Une adolescente, Donna Collins, par exemple,

a commencé à demander des questions pertinentes au sujet de ce qu’elle voyait dans le cercle intérieur de Moon…. « Lui et ses gosses ne vivaient pas ce qu’ils prêchaient. Ses fils juraient tout le temps. Ils faisaient venir des la viande de boeuf par avion d’Amérique [en Corée ]. Alors que j’ai mangé du riz et du kimchi pendant trois ans et ai développé une sérieuse dysenterie. C’était une plaisanterie. J’ai commencé à me demander, « Qu’est-ce qui est pieux dans tout ceci?' » (Collins dans Lattin, 2003:198).

Plus tard, j’examinerai par exemple le cas tragique de la petite-fille de Berg, Merry Berg, qui a fait l’expérience du terrible prix à payer à cause des doutes qu’elle avait exprimé sur le caractère divin de son hypocrite de grand’ père. L’environnement dans la demeure de Berg était désastreux pour Merry Berg, pour Ricky Rodriguez et pour d’autres enfants élevés dans le cercle des proches, mais les modèles d’éducation et de socialisation qui ont échoué dans leur propre famille étaient la base de programmes également désastreux d’abus et viols d’autres enfants très répandus dans l’organisation des Enfants de Dieu. A différents degrés, les systèmes ratés de socialisation et d’éducation à l’intérieur des familles de leaders charismatiques ont conduit à des pratiques d’éducation également désastreuses dans toutes les organisations. (voir Whitsett et Kent, 2003 :493-495). D’innombrables enfants ont été blessés par leurs parents et par d’autres adultes. Le charisme à la base de ces organisations était contre-productif, sinon parfois pathologique, mais il est devenu la base sur laquelle les leaders et leurs disciples ont développé et imposé aux jeunes des programmes de socialisation et d’éducation.

Dépluralisation

Le terme dépluralisation est un terme qui ne se retrouve par tel quel dans la littérature sociale et psychologique, pourtant il apporte une importante dimension concernant le processus de rééducation de bien des convertis. Le souci de Stahelski est que le « type idéal » de personne sociale dans une société complexe a des contacts sociaux multiples, qui contribuent tous à l’identité que cette personne se donne à elle-même. De plus, les gens au cours de certaines périodes de leur vie peuvent faire des commentaires ou donner des avis à quelqu’un sur d’autres aspects de leur vie. Les groupes très exigeants, pourtant, sont ce que le sociologue Lewis Coser a appelé des « institutions gourmandes »(Coser, 1974), étant donné qu’elles essaient d’enkyster, d’envelopper tous les aspects de la vie de leurs membres. Comme l’a déclaré Stahelski :

Les « cults » ne peuvent pas conditionner efficacement leurs membres si le groupe sectaire n’est pas le seul groupe d’affiliation de l’adhérent. Un individu qui n’a qu’un groupe d’affiliation a une vision de soi et l’estime de lui-même qui est totalement dépendants de leur besoin de rester membre de ce groupe. L’individu totalement dépendant est alors volontaire pour faire tout ce qui contribue à son maintien dans le groupe (Stahelski, 2004 : 33).

Parmi les précédentes affiliations groupales que les adhérents délaissent le plus, il y a leurs familles (Stahelski, 2004 : 33). Alors que beaucoup de gens voient la nouvelle recrue abandonner les contacts avec leurs parents et leurs proches, un grand nombre de cas existent de parents qui ou bien rompent les liens, ou bien réduisent leurs contacts avec leurs propres enfants.

Une note écrite du fondateur de la Scientologie, L. Ron Hubbard, reproduite dans la revue « International Association of Scientologists », illustre clairement les aspirations à la dépluralisation qu’il avait vis-à-vis des membres :

« Nous ne sommes pas là pour jouer. Nos personnes futures dépendent de notre manière de continuer d’avancer et de ne pas faire d’autres bourdes. Il n’est pas question qu’il y ait quelque chose d’autre. Il n’y en a pas. Personne ne peut être à moitié dedans, à moitié en dehors de la Scientologie ».(Hubbard, in CSI[church of Scientology International], Inc. 1988).

Assurément la version des règles éthiques de la Scientologie a, comme l’une de ses intentions, l’élimination de toutes les activités et de tous les motifs d’intérêt de la part des gens qui sont sous son contrôle (Hubbard, 1976 :179).

Les conséquences pour les enfants dont les parents sont complètement sous la coupe d’une organisation ne sont pas difficiles à prédire. Selon ce qu’un ancien Scientologue devenu critique soupçonnait en 1991 :

« A côté du sauvetage du monde, les soins aux enfants peuvent ne pas paraître si importants. La Scientologie vient en premier, et tout autre chose est hors de propos », a dit l’ancien Scientologue Vicky Aznaran, qui poursuit l’organisation. » Des parents qui veulent passer du temps avec leurs enfants sont regardés de haut. Ce n’est pas socialement acceptable » (Aznaran citée dans Krueger, 1991 : 12A).

Les parents dans les Enfants de Dieu recevaient de leur leader, David Berg, des instructions spécifiques pour se dissocier de leurs enfants, sous prétexte que le faire était la volonté de Dieu :

1. DIEU N’AURA PAS D’AUTRES DIEUX DEVANT LUI, MÊME PAS LA SAINTETE DU DIEU DU MARIAGE!

2. LE MARIAGE AVEC LA FAMILLE, LA REALITE SPIRITUELLE DERRIERE.

LE SOI-DISANT MARIAGE DE GROUPE, C’EST DE CONSIDERER LA FAMILLE SECTAIRE DANS SON INTEGRALITE AVANT TOUT, même au dessus du dernier vestige de propriété privée, votre mari ou votre épouse ! (Berg, 1972 : 1367 ; ponctuation d’origine, imprimé en majuscules).

Quelques paragraphes plus loin, Berg ajoutait :

22. N’OUBIEZ PAS QUE CECI VEUT DIRE AUSSI VOS ENFANTS !Le favoritisme particulier et la partialité – c’est-à-dire aussi l’intérêt égoïste de la propriété ! Si vous aimez vos enfants, chair de votre chair, plus que vous n’aimez les enfants de Dieu de la Famille de Dieu, alors vous n’avez pas compris tout ce que la Famille signifie ! (Berg, 1972 : 1370 ; lettres en majuscules et ponctuation d’origine).

Les histoires sur la maltraitance des enfants dans les Enfants de Dieu devraient à elles seules être racontées à longueur de livre, mais il suffit de dire que beaucoup d’enfants voyaient rarement leurs parents, et quand ils les voyaient, leurs liens émotionnels étaient fort tendus. Selon l’enquêteur sympathisant de la Famille, James Chancellor, « L’éloignement des parents est resté une pratique de base de la vie dans La Famille [c’est-à-dire des Enfants de Dieu]. Jusqu’aux réformes; au milieu des années 70, effectivement tous les disciples de seconde génération ont passé un temps considérable loin de leurs parents avant l’âge de 16 ans »( Chancellor, 2000 : 217). Pas étonnant donc que les membres de cette génération soient tellement en révolte contre la génération de leurs parents à cause des viols dont ils ont souffert (voir Kent, 2004a).

L’auto-désindividualisation

Le concept de désindividualisation fait l’objet d’une vaste littérature sociale et psychologique, se développant à l’origine en tant que théorie destinée à expliquer les actes, hors-normes souvent violents, commis dans une foule, lors d’attroupements, par des gangs, etc. (voir Postmes et Spears 1998 : 238). Une théorie, variante plus récente appelée la « social identity model of deindividuated effects » (en abrégé le modèle SIDE) est plus prometteuse que les formes plus anciennes de théories de désindividualisation, et cette forme plus récente se trouve la plus proche de la manière dont Stahelski a employé le terme désindividualisation. « Selon ce modèle les paramètres de désindividualisation ne mènent pas à une perte d’identité personnelle ; plutôt, ils peuvent faciliter une transformation à partir d’une identité personnelle vers une identité plus sociale ou plus collective ». (Postmes et Spears, 1998 :254). Sans aucun doute cette transition vers une identité collective est ce qui se produit dans les groupes totalitaires.

Les conséquences d’une telle transition sont bien connues, et Stahelski en donne de nombreux exemples. Il mentionne les transformations internes, qui vont jusqu’à l’abandon de :

« n’importe quels modèles de valeurs, croyances, attitudes, comportements qui deviennent des valeurs et des attentes du groupe. Des adhérents désindividués abandonnent leurs conceptions personnelles du bien et du mal si elles diffèrent de celles du leader. En outre, la manière des adhérents de percevoir la réalité – leur regard sur la manière dont le passé, le présent et le futur convergent pour créer le monde social moderne – s’aligne sur celui du leader. Les personnes désindividuées arrêtent de penser à leurs propres et uniques qualités. Ils absorbent le concept qu’ils sont simplement des parties anonymes du grand tout : la secte » (Stahelski, 2004 : 34).

Donc, une manifestation externe typique de désindividualisation implique que les membres s’habillent de la même manière (Stahelski, 2004 : 34) gommant les aspects de goût et d’expression personnel dans leur apparence extérieure.

Bien qu’un petit nombre de chercheurs qui étudient les groupes idéologiques très exigeants, puissent être en désaccord avec ces caractéristiques générales, nous devons évaluer les processus d’éducation que ces groupes emploient pour provoquer la désindividualisation parmi leurs membres. Ayant procédé ainsi, nous pouvons, à ce stade, voir comment les programmes éducatifs qui désindividualisent les adultes, ont aussi un impact sur les enfants. Je soutiens que des groupes attaquent et minent la valeur d’aspects prétendus négatifs dans la vie des gens, en même temps qu’ils remplacent ces conceptions par de nouveaux systèmes collectifs, d’ordre moral ou éthique fondés sur les valeurs du leader. Mon hypothèse est ici que les groupes attaquent et sapent la valeur d’aspects supposés négatifs dans la vie des gens en même temps qu’ils remplacent ces aspects par une nouvelle morale collective et un système d’éthique construits sur le valeurs du leader. J’affirme ici que les expériences et les comportements négatifs – les choses que nous avons faites, dont nous avons soufferts – sont les fondements pour nos décisions morales et éthiques. En sapant la valeur de ces expériences et de ces comportements, les groupes déviants réduisent la capacité des gens à prendre des positions morales et éthiques fondées sur leurs propres expériences. De façon concomitante, les groupes usent de nombreuses techniques pour induire chez les gens leurs valeurs alternatives et leurs propres codes éthiques. En résumé, comme les gens se désindividualisent, ils regardent moins à l’intérieur [d’eux-mêmes] et plus à l’extérieur pour leurs exemples moraux et éthiques.

Sous la direction des groupes, les gens sapent les fondements de leur propre système de valeurs de nombreuses façons : le pseudo-conseil aussi bien individuellement que dans de vastes groupes ; les expériences manipulatrices du type « born-again », où l’on s’accuse de sa vie antérieure ; la psychothérapie indiscrete et agressive ; et ainsi de suite. Un des innombrables groupes dont les leaders étaient passés maîtres pour introduire la désindividualisation étaient les disciples de Rajneesh, qui aboutissaient à travers l’utilisation de nombreuses techniques pseudo- psychothérapiques et d’exercices physiques destinés à dévorer le temps et à épuiser l’énergie. Un écrivain britannique, Tim Guest, un enfant dont la mère était disciple de Bhagwan Shree Rajneesh, a décrites, avec douloureuse clareté, les conséquences pour un enfant grandissant dans cet environnement :

Bhagwan inventait de radicalement nouvelles ‘dynamiques’ de méditation et de thérapies ; il maniait de l’acide nitrique et il parlait assis sur un siège de dentiste ; il encourageait ses disciples à s’en remettre totalement à lui et à vivre leurs vies jusqu’à l’extrême. Pour ma mère, en pleine rébellion à cause de sa jeunesse passée dans un catholicisme strict, Bhagwan lui offrait tout ce qu’elle avait longuement attendu ; le chemin vers l’illumination, mais avec l’amour libre, des drogues et du rock’n’roll.

Pour les enfants – en tous cas pour moi – les communautés Baghwan étaient une autre affaire. Alors que chaque adulte se démenait pour se montrer lui-même ou elle-même le plus dépourvu d’ego, nous concourrions pour avoir les meilleurs mouvements de danse jusqu’à l’épuisement. Alors qu’ils abandonnaient le rêve consumériste, nous nous battions pour des jouets Lego et ‘E.T.’ Pris par leur projet de construire une collectivité qui soit un modèle pour le monde, ma mère et ses amis ignoraient les besoins les plus élémentaires des enfants oubliés à leurs pieds – par exemple, de nous emmener chez le dentiste ou de nous couper les ongles des pieds (Guest, 2004a ; see 2004b : 98)

La négligence de sa mère a donné lieu à des conséquences profondes qui ont altérée sa vie, et selon toute vraisemblance il en était de même pour les autres enfants qui souffraient des mêmes sentiments :

Quand je suis né ma mère a juré qu’elle ne laisserait jamais son enfant souffrir ce quelle avait souffert ; elle sentait que son enfance catholique l‘avait écrasée. Elle m’a donné ce qu’elle avait rêvé. Elle me laissait courir librement. A un certain moment,j’ai fait un vœu similaire – celui de ne pas infliger le supplice particulier que je connaissais, celui de l’abandon et de l’absence – à mes enfants, même si cela signifiait de ne pas avoir d’enfants du tout (Guest, 2004a).

C’était une histoire répétée des milliers de fois. On le suspecte dans des douzaines si ce n’est des centaines de groupes : des parents s’efforçant de sauver le monde en s’abandonnant eux-mêmes à un leader spirituel, mais en attendant, en négligeant leurs enfants.

Désindividualisation des autres

Les gens qui se désindividualisent en se conformant plus aux groupes très exigeants, intensifient les processus normaux de création de « groupes à l’intérieur » et de « groupes en dehors », en désindividualisant ceux qu’ils perçoivent comme des ennemis. Selon Stahelski, le fait de désindividualiser les gens supprime le contact avec les membres d’un groupe perçu comme « ennemi », et essentiellement il nie leur individualité en les fusionnant en une « masse homogène et sans visage » (Stahelski 2004 :34). Un certain nombre d’enfants se trouvaient eux-mêmes parmi les victimes les plus malchanceuses de ce processus de désindividualisation des autres. En général les enfants étaient en contradiction avec la propre recherche des adultes.

Dans des cas extrêmes, la direction du groupe définissait les enfants comme des entraves pour la croissance spirituelle des adultes et/ou un poids financier, même des membres ont été stérilisés. Alors que la perspective d’être des parents n’entrait même pas en considération parmi les membres du Heaven’s Gate, huit hommes ont subi une castration (et plusieurs autres « ont été soumis à des traitements chimiques pour réduire leurs impulsions sexuelles) ( Balch et Taylor, 2002 : 220). Parmi les disciples de Rajneesh :

Les stérilisations étaient fortement encouragées… parce que les enfants « constituaient une distraction sur le chemin de la méditation » et que « très peu de gens avaient le karma d’avoir des enfants dans cette vie » Si vous étiez là avec Bhagwan, pourquoi être détourné de lui et partir dans une autre direction ? Le raisonnement était que le meilleur choix était être totalement avec lui.(Strelley, 1987 : 181-182 ; souligné dans l’original).

Des centaines de disciples des deux sexes ont subi des stérilisations « y compris quelques filles aussi jeunes que 14 ans » (Gordon, 1987 : 83).

Avant les stérilisations, de nombreuses femmes enceintes de chez Rajneesh ont eu des avortements (Guest, 2004b : 30 ; Streley avec San Souci, 1987 : 149-150), et Rajneesh était capable « de se vanter de ce que pas un seul enfant n’était né à Rajneeshpuram, sa ville de sannyasin dans l’Oregon, USA, entre 1981 et 1985 » (Guest 2004b :31). Il n’y avait pas non plus d’enfants nés de membres d’un groupe déviant basé en Californie, appelé le « Center for Feeling Therapy » pendant ses dix années d’existence qui se sont terminées en novembre 1980 – un exploit réalisé au moyen de la pression ‘thérapeutique’ menée à terme sur de nombreuses femmes pour avorter. (Ayella, 1998 :28, 15, 73, 86-87 ; Mithers, 1994 :262, 281). La preuve existe que la Scientologie transfère des femmes enceintes en dehors de sa Sea Organisation si elles persistent à vouloir mener leur grossesse à terme, mais ces femmes enceintes subissent de fortes pressions pour se faire avorter (Tabayoyon, 1994 :para 7-23 »). L’organisation aurait déclaré tout simplement que « la Sea Org n’avait simplement ni le temps ni l’argent, ni les ressources pour élever un enfant convenablement »(Tabayoyon, 1994 :para.7). Au cours des dernières années 1980, en ayant des interviews avec d’anciens membres, qui avaient suivi un leader de secte canadien, nommé Robin Carlsen, j’ai eu connaissance de nombreux avortements que Carlsen lui-même avait fortement recommandés (Kent [menait l’interview] avec Dunston et Dunston [pseudonymes], 1989 : 8-11). A la fin des années 70, le programme américain pour la réhabilitation de drogués s’est transformé d’un centre de réhabilitation en un mouvement ayant un programme religieux, Synanon a lancé un programme de vasectomies pour des hommes ayant au moins 18 ans et étant membres au moins depuis cinq ans, ceci en conjonction avec de nombreuses femmes ayant eu des avortements (Olin, 1980 : 251, 265, 273, 275). Quelque fois, dans ces circonstances des parents potentiels étaient convaincus par leurs leaders que l’avortement était la meilleure chose étant donné leur bas niveau de spiritualité et de santé mentale. Le fait demeure, en tous cas, que les leaders faisaient pression et habituellement arrivaient à convaincre les femmes enceintes que leurs fœtus deviendraient des empêchements aussi bien pour les buts de groupe, que dans leur recherche en tant qu’adultes vers leur développement personnel.

Une solution relative au « problème » des enfants, en particulier ceux nés avant que les parents aient été membres de groupes, fut simplement de les abandonner, ce que les parents faisaient pour des raisons similaires à celles des gens qui avaient avorté. Un nombre non-précisé de femmes du « Center for Feeling Therapy » ont abandonné leur enfant (Ayella, 1998 : 46) De même en Ontario, Canada, cinq ou six mères qui suivaient le leader brutal de la secte, Roch Thériault, ont choisi de rester avec lui au prix de l’abandon de leur enfant à un foyer d’accueil pour enfants – quatorze au total – en 1985. (Kaihla et Ross, 1993 : 176, 162). Un ancien disciple de Rajneshee disait, « ‘j’ai fait de l’abandon de mes enfants un principe moral, le costumant en spiritualité ‘ » (cité dans Lattin, 2003:105).

Le rapport le plus explicite d’abandon d’enfant que j’ai personnellement suivi est venu d’une ancienne membre canadienne d’un groupe américain, la Christ Family, dont les membres croyaient que leur leader, Jésus Christ Lightning Amen, était le Messie. Elle avait un jeune fils et une fille, qu’elle avait entraînés avec elle dans le groupe, peu de temps après son arrivée dans le groupe elle se trouvait dans un camp avec des membres plus aguerris. Elle a eu une conversation avec une « sœur » plus âgée, qui lui citait Mt. 10 :34 : « Celui qui aime son père et sa mère plus que moi n’est pas digne de moi… » La sœur plus âgée continuait en disant quelque chose comme : « Vous devez choisir entre Jésus, servir Jésus Christ, être dans cette mission, qui est la chose la plus importante qui advienne sur la surface de la Terre, ou bien retourner dans le monde et servir ces enfants » (entretien de Kent avec Margaret,1989 : 15). Sur l‘heure elle avait abandonné ses enfants, que ses propres parents ont élevés pendant plusieurs années jusqu’à ce qu’elle quitte le groupe. Elle avait perdu la capacité de ressentir les émotions envers ses propres enfants. Cette perte d’aptitude à sentir par rapport aux autres est probablement un élément-clé

Dans d’autres désindividualisations, et ce n’est pas une des caractéristiques examinées par Stahleski. Pour essentiel, l’aptitude des adultes à comprendre les besoins de leurs enfants a été gravement dissociée par une fausse attribution de charisme, les activités dépluralisées- si toutefois il y en a quelques unes – avec leurs familles, et une compréhension faussée de leurs propres individualités. Dans les cas extrêmes, des adultes ont complètement méconnu les besoins de leurs enfants, et ils les ont même offerts à des leaders charismatiques qui les ont violés sous prétexte de croissance spirituelle et d’éducation. Des pères Mormons fondamentalistes, par exemple, dans l’Ouest Américain, donnent couramment leurs jeunes, fréquemment des filles mineures, à des hommes âgés pour des mariages polygames, en dépit du danger véritable de les blesser sexuellement, émotionnellement et physiquement (Kent, à publier). Au moins une mère, du ranch de Branch Davidans, a donné sa fille âgée de dix ans à David Koresh en sachant qu’il allait faire d’elle une de ses jeunes épousées avec des rapports sexuels (ABC News, 2003 ; Bunting et Willman, 1995). Des femmes en Autriche, dans la communauté libre de Friedrichhof, ont procuré, et même pourchassé et ramené des filles aussi jeunes que 14 ans pour que leur que leur leader, Otto Mühl, puisse avoir des rapports sexuels avec elles ( Soul purpose Productions, 1999). Il est évident que ces femmes qui facilitaient le détournement de mineur afin d’obtenir des avantages spirituels; ces femmes et d’autres encore dans leurs communautés respectives qui ont vu des choses semblables n’avaient aucune notion des besoins émotionnels des enfants.

L’exemple le plus connu de parents démontrant l’incapacité de compatir à la souffrance (certainement d’une façon appropriée et saine) de leurs enfants est l’empoisonnement et les meurtres de masse que les parents ont commis sur leurs enfants à Jonestown. Selon le récit le plus détaillé du mouvement de Jim Jones, sur l’événement final en Guyane.

On a fait avancer les enfants d’abord. Une infirmière a dirigé la foule et s’est adressée à celle-ci d’une voix tendue : « Il ne faut pas vous inquiéter. Tout le monde doit rester calme et essayer de garder les enfants tranquilles. Ils ne pleurent pas de douleur. Le goût est seulement un peu amer. » Les jeunes braillaient et criaient. Certains se battaient, essayant de s’arracher à leurs parents. Certains ont reçu le breuvage magique par une seringue au fond de la gorge, où le réflexe d’ingestion l’a fait aboutir. Les parents et les grand-parents pleuraient voyant mourir leurs enfants – ni rapidement, ni sans douleur. Les condamnés se tordaient étouffant au fur et à mesure que le poison faisait son effet. Pendant plusieurs minutes, ils ont vomi, hurlé et saigné (Reiterman avec Jacobs, 1982: 559).

Il s’avère que quelques parents ont réalisé l’horreur de leurs actions, mais beaucoup ont offert leurs enfants volontairement et ont aidé à leur empoisonnement. Les sources donnent des chiffres différents mais au moins 260 (et probablement autant que 276) enfants étaient parmi les 913 (ou 914) personnes qui sont mortes dans cette tragédie de novembre 1978 (Lattin, 2003:96 ; 1981:1 en bois ; voir le Reiterman avec Jacobs, 1982:571).

Alors que les adultes impliqués dans les disparitions du Temple solaire ont également emmené au moins sept enfants et trois adolescents à leur mort en même temps qu’eux (Hall et Schuyler, 2000:141, 144), le nombre de décès d’adolescents aurait été plus important sans l’échec (en mars 1997) d’un mécanisme conçu pour mettre le feu à une maison. Apparemment, les trois adolescents se sont réveillés (avec leurs parents) le matin après que ce dispositif ait échoué, ils ont compris ce qui s’était produit et aussi que les adultes allaient essayer une nouvelle fois. Ils « ont dit à leurs parents qu’ils ne voulaient pas partir » par l’intermédiaire du feu à l’étoile Sirius, ainsi les parents leur ont permis de rester à l’extérieur pendant qu’ils réessayaient (cette fois avec succès) de mettre à feu la maison. « les enfants ont volontairement pris les comprimés somnifères, et sont allés dormir dans le hangar [ près de la maison ] sachant que quand ils se réveilleraient, leurs parents et grand-mère seraient morts » a dit un officier des forces de police du Québec au (Washington Post, 1997). Ces adolescents ont survécu, mais seul le fait que leurs parents et un grand-parent aient essayé de les tuer et les ont après laissés se réveiller pour voir les décès, dans les flammes, des membres de leur famille, montrent à quel niveau de désindividualisation des adultes étaient arrivés par rapport aux jeunes.

Déshumanisation

Après que des membres de groupes aient partagé le monde en deux et qu’ils aient déindividualisé des membres du groupe ‘du dehors’, alors il peuvent facilement leur enlever toutes les caractéristiques positives (telles que les vertus morales, l’intelligence, la responsabilité, l’honnêteté, le fait d’être digne de confiance, le sérieux, tandis qu’ils leur infligent des caractéristiques complètement négatives, telles que la dégénérescence morale, la stupidité, l’irresponsabilité, la malhonnêteté, l’impossibilité de leur faire confiance et le manque de sérieux.)[Stahelski, 2004). Allant au-delà les membres du « groupe à l’intérieur » assignent aux autres des caractéristiques de sous-hommes, d’animaux. Les opposants répertoriés comme tels deviennent de la vermine, des infections, des rongeurs, etc… Suite à cela, en voyant les autres comme sous-hommes, les membres du « groupe à l’intérieur » méprisent les critiques de l’extérieur et justifient n’importe quelle action qu’ils aient pu accomplir eux-mêmes contre des membres du groupe diabolisé (voir Stahelski, 2004). Il y a là une preuve de particulière importance quant à la manière dont certains groupes déshumanisent les jeunes contestataires dans leurs propres rangs, ce qui est un important sinon troublant prolongement des affirmations de base que donne Stahelski.

Plusieurs exemples pris dans l’organisation Krishna démontrent comment les adultes, en particulier les leaders d’organisations, déshumanisent les enfants, souvent au lourd détriment de ceux-ci. Nori Muster, ancien membre devenu écrivain, donne une perspective sur le résultat, en montrant :

Les écritures hindoues présentent des conceptions surannées de la condition des femmes, en comparant les femmes à des animaux menaçants ou à des enfants. ISKCON aurait pu essayer de moderniser la philosophie pour un auditoire du vingtième siècle occidental[…], mais le fondateur Brabhupada et d’autres hommes de la hiérarchie, au lieu de cela ont amplifié les positions phallocrates. (Muster 2004 :13).

Pour l‘essentiel la direction, entièrement masculine a considéré les femmes et les enfants comme moins que de vrais humains, et, de ce fait, ils ne sont pas traités à l’égal des hommes.

Les femmes dans ISKCON étaient pourtant de meilleures distributrices et ramasseuses d’argent (activités appelées sankirtan) que les hommes, et les soins aux enfants les entravaient, voire les empêchaient de poursuivre ces activités (étant donné qu’habituellement le sankirtan nécéssite de grands déplacements). Suite à cela un dicton parmi les dévots de Krishna dans une de leurs plus grandes communautés qui procurait des soins aux enfants était « Laisse tomber ta charge et file sur la route » (cité dans Rochford et Heinlein, 1998 : 11). De fait les enfants étaient des « charges » ou des fardeaux pour les femmes, en les encombrant et altérant leur aptitude à travailler pour l‘organisation.

L’universitaire E. Burke Rochford ajoutait une autre dimension à la question de la déshumanisation des enfants de ISKCON. Il rapportait que « jusqu’au début des années 80 les enfants nés dans ISKCON étaient habituellement présentés comme étant spirituellement purs… Puis cette conception a changé au milieu des années 80, et certains leaders se sont plaints que les enfants de ISKCON n’étaient en fin de compte que des ‘karmies’( c’est-à-dire des out-siders non-religieux) (Rochford avec Heilein, 1998 : 9). Cette étiquette péjorative est advenue quand les enfants de ISKCON, qui avaient été dans leur propre système scolaire n’étaient pas devenus les adolescents spirituellement purs que les leaders attendaient. Plutôt que de reprocher ceci au contenu de leur éducation et des comportements de beaucoup de leurs enseignants, qui avaient abusé [des enfants], la direction a fait des reproches aux jeunes eux-mêmes (Rochford avec Heinlein, 1998 : 10).

Des clichés péjoratifs analogues sont tombées sur les adolescents devenus adultes des Enfants de Dieu. Dans ce groupe il a fallu faire face au fait que les efforts d’éducation et de socialisation, destinés à la seconde génération posaient de graves problèmes. Au milieu des années 80, les leaders ont compris que beaucoup d’adolescents Enfants de Dieu se rebellaient contre la foi de leurs parents, et ils ont établi plusieurs « camps d’entraînement pour adolescents » en différentes parties du monde, et en plus les « victor camps » ou camps de détention pour adolescents destinés aux membres les plus récalcitrants de la seconde génération.

Au début les leaders ont appelé ces jeunes gens difficiles des « ados délinquants », et ont mis les garçons dans le programme de reprise en mains, dit « Back to the Basics Boys »(BBBteam), aussi dénommés groupes « Detention Teens or Hard Labour Crew » ( équipages en détention d’adolescents pour travaux pénibles) (Family Services, 1989 : 6). Les récits d’anciens membres que j’ai enregistrés indiquent aussi que beaucoup d’adolescentes ont effectué des travaux pénibles en différents lieux, tels que le Brésil, Macao, le Mexique [Kent et Hall, 2000 :66-67]. En 1989 les leaders des Enfants de Dieu ont changé le nom de ces adolescents résistants de « Back to the Basics Boys » en « The Rotten Apples  » (pommes pourries) (Family Services, 1989 : 7), un terme qui recouvrait les deux sexes et qui passait la responsabilité de leur rébellion sur les épaules d’un petit nombre d’individus déviants et situés au dehors de l’organisation, de ses règles et de ses pratiques. Selon ce label déshumanisant les individus étaient tarrés, plutôt que le « charisme » anti-fonctionnel de leur environnement, dans lequel les adolescents avaient grandi et contre lequel maintenant ils se battaient. Alors que Stahelski considérait que les «sectes» et les terroristes déshumaniseraient seulement les groupes en dehors, il est clair aussi que quelquefois les groupes idéologiques faisaient la même chose par rapports aux déviants des groupes en dedans, y compris pour les jeunes.

Démonisation

Comme phase finale dans le conditionnement socio-psychologique des groupes terroristes et des « sectes » violentes le fait de clamer que « l’ennemi s’est ligué avec le démon et les forces cosmiques du mal », peut banaliser « la naissance du remord de l’après-tuerie » (Stahelski, 2004).

Stahelski voit ce processus survenir à l’intérieur des groupes terroristes, mais un exemple affligeant de démonisation étant employé probablement pour empêcher le remords a impliqué le meurtre en 1995 de deux déserteurs récents et de leur fils en bas âge, par ordre des membres du Temple Solaire. Apparemment, un des chefs du Temple Solaire, Joseph Di Mambro, « a été outragé » : sans sa permission, le couple avait eu un enfant et lui avait donné un nom (Christopher Emmanuel) qui ressemblait à celui d’une des filles du chef, Emmanuelle. Pour prendre sa revanche, le chef a identifié l’enfant comme l’antéchrist, et quand les deux membres de l’équipe d’assassins du groupe ont tué la famille, ils « ont utilisé un pieu en bois dans le meurtre rituel, le plongeant dans le coeur de l’enfant en bas âge » (Farnsworth, 1995). Cette forme de meurtre était conforme aux instructions rituelles du temple sur la façon de tuer l’antéchrist (Hall et Schuyler, 2000:139).

Un exemple moins dramatique mais aussi inquiétant s’est produits dans le cadre des enfants rebelles dans l’organisation des Enfants de Dieu. Alors que les leaders avaient tendance à voir le diable derrière touts les rebellions d’adolescents (Berg 1988), deux exemples particuliers pour les démoniser sont spécialement significatifs.

La première tentative a visé la petite-fille de David erg, Merry Berg, vers la fin des années 1980 et des premières années 1990, où elle a commencé à avoir des doutes quant au leadership de Berg et ses connections prétendues divines « alors qu’elle le voyait souvent ivre, déprimé, incapable de manger correctement (à cause des lésions de sa gorge et de son estomac dues à sa consommation d’alcool), se contredisant lui-même, faisant des prophéties sans suite, et pour couronner le tout lui sautant dessus » (Kent, 2004a:63, voir 64). Plutôt que faire face à l’intelligence de sa perception, Berg et son cercle intime décrétèrent qu’elle était affligée par du démonisme (Davidito, 1987) et l’ont soumise pendant « six mois à d’intenses et puissants contraintes afin de dissiper ces doutes, telles que des exorcismes, des sessions de prière prolongés, des fessées, des hochement de tête, des menaces, des raclées graves, et diverses humiliations » (Kent, 2004a: 63, voient 64).

Ces actes de violence ne lui ont pas enlevée les doutes au sujet de son grand-père, aussi il l’a envoyée dans un camp de délinquants – camp de formation d’adolescents à Macao où, « pour trois ans et demi, Merry supporta des assauts sexuels et physiques, le travail forcé, l’humiliation constante, et des études obligatoires des enseignements de son grand-père jusqu’à ce qu’une dépression nerveuse l’ai débarquée dans un établissement mental » (Kent, 200â : 63-64). Essentiellement, Berg et son cercle intérieur ont démonisé la propre petite-fille de Berg, et par cette démonisation ont commis des actes extraordinaires d’abus et de violence contre elle.

Plusieurs années après, réfléchissant sur sa lutte avec sa petite-fille, Berg a écrit à ses disciples: « Et j’ai reçu la plus affreuse image [de Merry], avec sa bouche toute rouge et dégoulinante, bavant de sang comme celle d’un vampire ! Bien sûr, elle n’est qu’une petite ignorante, une non-personne, mais cela vous montre combien le Démon s’est servi d’elle » (Berg, 1992 : 3) Parce que Merry mettait en cause l’autorité de son grand’père ivrogne, il l’a déshumanisée et démonisée. Cela pose un précédent pour la manière dont la direction des Enfants de Dieu procéderait dix ans plus tard quand les adultes issus de membres de la première génération se sont mis en pleine révolte contre le traitement et les abus dont ils ont eux-mêmes fait l’expérience.

Au cours de toutes les années 1990 et de ce siècle ces jeunes adultes sont devenus de plus en plus loquaces sur leur vie comme enfants dans la « secte ». Par l’intermédiaire d’un site Web : http://www.movingon.org/, ils ont repris contact, ils ont écrit leurs expériences, et même ils ont évoqué des noms d’exécutants (perpetrators). Au milieu d’appels répétés à la Justice contre la première génération d’adultes qui avaient violé leur seconde génération, la direction des Enfants de Dieu (dénommés maintenant The Family) a répondu tout à fait de la même façon que Berg l’avait fait vis-à-vis des défis de quelqu’un qu’il avait violée. La Direction a démonisé ceux qui la critiquent. En septembre 2002, les leaders actuels, Maria et Peter Amsterdam ont publié un message qui contient des parties sur les démons, dégoûlinants de sang, grotesques « agents du monde inférieur (netherworld), dénommés les « vandari ». Selon le texte, « Le vocable « van » est tiré du mot Vandales », et « dar » du mot « dark »(sombre), et le ‘i’ en fin de syllabe signifie ‘I’, exprimant soi-même ou égoïsme »( dans Maria et Peter, 2002 :para.142) . Etant donné le groupe d’âge de plusieurs des démons dans le texte, nul doute que ces Vandari désignent les personnes critiques de la seconde génération.

Dans des passages attribués à Jésus, ces Vandari « sont laissés à l’abandon sur la Terre. Leur mission est de recruter ceux qui s’inclineront et qui vont adorer le fils de perdition au Jour fixé. De cette façon ils cherchent à s’opposer à Ma vérité »(in Maria et Peter, 2002 : para. 145).

Assurément ce sont de viles créatures :

Parce qu’ils cohabitent avec les rats, vous avez vu les Vandari. Les Vandari peuplent et habitent dans les systèmes d’égouts du monde, un endroit du monde physique qui convient à de telles créatures. Dans le monde inférieur ils appartiennent aux plus basses strates et niveaux du monde des esprits. Ils y cohabitent avec les bas-fonds de l’esprit (in Maria et Peter, 2002 : para. 146).

En résumé, quand ils ont à faire face à un crescendo de critiques contre leur leader charismatique, contre la politique d’abus et de viols qu’il a mise en oeuvre, et aux conséquences que cela a eu sur la vie des jeunes gens, les leaders des Enfants de Dieu, ont essayé de discréditer les enfants devenus adultes issus de la première génération en les démonisant et en les déshumanisant aux yeux des membres qui restent. Le message aux membres visait à empêcher à tout prix les critiques parce qu’elles venaient du Démon. C’est un remarquable exemple de la manière dont une« secte» tente de se protéger elle-même, ainsi que son leader charismatique, même au détriment de ses propres enfants.

Conclusion

Cette étude débute par l’hypothèse que l’échec de tant de groupes sectaires pour retenir leurs jeunes lors de leur vie d’adultes suggère qu’il y a des problèmes de fond concernant le leadership charismatique. Le charisme peut ne pas être vraiment dépendant du contact des leaders avec le divin, étant donné que c’est une indication de dysfonctionnement bio-psychologique. Il [le charisme] apparaît certainement jouer son rôle parmi le nombre d’enfants qui vivent à l’ombre de parents que d’autres considèrent comme divins. En outre, les adultes, qui sont souvent en recherche spirituelle et de plus hautes motivations rejoignent d’autres affidés dans des mondes enkystés, dépluralisés, regroupés autour de personnages réputés divins ou illuminés de charisme. Leurs réseaux sociaux se tissent étroitement avec d’autres en recherche, mais ou bien ils négligent leurs enfants, car leur recherche personnelle est une motivation prioritaire, ou bien ils impliquent les enfants eux-mêmes dans cette recherche par des voies qui ne tiennent pas compte de leurs besoins élémentaires.

Les groupes idéologiques très exigeants offrent des techniques variées destinées à faciliter pour leurs membres l’émergence de leur identité personnelle dans le système collectif fondé sur le charisme du leader. Ces techniques d’ auto-désindividuation sapent les aptitudes des gens à prendre des décisions indépendantes aux plans moral et éthique. En même temps qu’ils offrent des valeurs de remplacement insistant sur la prééminence des groupes eux-mêmes, ils [montrent] souvent les troubles affectant les leaders qui les ont fondés. Cependant l’assimilation de ces techniques demande de longues heures d’étude, de l’expérience, de la pratique, mais, encore un coup, les enfants sont négligés. Bien sûr beaucoup d’adultes, se sont désindividués, sont devenus autres à ce moment, et perdent l’aptitude à l’empathie avec les enfants à un degré tel que ceux-ci en viennent à représenter des entraves, voire même des opposants à la fois pour leur quête spirituelle, aussi bien que pour la quête du groupe dans lequel les adultes poursuivent leurs rêves.

Si le sentiment d’opposition envers les enfants s’accroît suffisamment, alors les adultes, et même les parents considéreront que la jeune génération va dans des directions déshumanisantes. Ils deviennent des fardeaux, ou des charges dont les adultes devraient se défaire de façon à continuer leur ouvrage « divin », ou bien les adultes vont les étiqueter comme des charges non-spirituelles qui ne méritent pas le temps, l’énergie ou les ressources des adultes. Dans les cas extrêmes les adultes démonisent leurs enfants, comme cela arrive quand d’anciennes victimes depuis leur enfance, maintenant devenus adultes, demandent justice pour des viols dont ils ont souffert. La démonisation de ses propres fils et filles apparaît comme une mesure désespérée dans le but de prévenir les membres restants de prêter attention aux critiques qu’ont à formuler les anciens membres devenus critiques.

J’ai dépeint là un sombre tableau sur la manière dont la rééducation des adultes qui adhèrent à ces groupes conduit à des environnements pour les enfants qui sont fondés sur leur abandon.

Assurément je réalise que ce tableau n’est pas universel pour tous les groupes, et que même des familles au sein du même groupe montreront vraisemblablement des différences dans les pratiques pour élever les enfants. Certain membres de la seconde génération restent dans bien des groupes, et nous aurions avantage à apprendre pourquoi certains restent tandis que d’autres quittent. D’autres groupes changent avec le temps leurs pratiques d’éducation, et il serait important de savoir si ces groupes ont aussi effectué des modifications en même temps pour les techniques qu’elles emploient pour rééduquer et pour resocialiser les adultes.

Ne voulant en rien sous-évaluer ces questions et la manière de les qualifier, le fait demeure qu’un ensemble de plus en plus important de preuves suggère que le fait de grandir dans une ambiance charismatique, dans des groupes très exigeants est difficile à l’excès pour beaucoup d’enfants. Peut-être que le fait d’en apprendre plus sur ce qu’ils ont subi, nous rendra d’une meilleure aide pour eux quand ils sortent et qu’ils s’efforcent de poursuivre leurs vies.

Note du traducteur, J.R. 19-5-2005.

Le mot « cult » étant donné les nuances qu’il peut présenter aux USA a été gardé de préférence à une traduction par le mot secte, mot qu’en Europe nous considérons devoir employer pour sa valeur pratique de compréhension, pour son usage par les plus hautes Autorités, même dans les tribunaux, et en dépit du fait qu’il ne corresponde pas à une définition de valeur juridique universelle.

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