Donal P. O’MATHUNA

IRLANDE

Donal P. O’MATHUNA

– Pharmacien – Membre de « Irish Skeptic Society »
– Professeur d’éthique à l’Université de Dublin

Médecines complémentaires et alternatives
Point de rencontre médecine-religion

La médecine complémentaire et alternative (MCA) regroupe un grand nombre de pratiques, de remèdes et de visions du monde. Pour cette raison, on peut appliquer plusieurs définitions à la MCA. Il peut donc être difficile de comprendre ce qu’est réellement ce domaine, particulièrement lorsqu’on cherche à évaluer les aspects positifs et négatifs de la MCA. Tandis qu’il ne semble guère possible de proposer une définition concise de la MCA, on propose couramment quatre caractéristiques, qui sont les suivantes :

  • La MCA représente des approches de la guérison que les médecins et hôpitaux sont peu susceptibles de proposer à leurs patients. La MCA reste en majeure partie en dehors de la médecine conventionnelle.
  • Beaucoup de thérapies MCA disposent de peu de preuves scientifiques de qualité venant appuyer leur efficacité ou leur innocuité. Ceci n’est pas le cas de toutes les MCA et de nouvelles études sont régulièrement publiées. Pourtant, ce manque de preuves scientifiques constitue une limite majeure et une des principales raisons pour lesquelles la médecine conventionnelle est réticente ou lente à accepter la MCA. Sans ce type de preuve, même les experts en MCA ne peuvent être certains que ces thérapies fonctionnent.
  • Les praticiens de la MCA insistent généralement sur une approche holistique de la santé et du bien-être. Ceci a plusieurs significations, mais implique en général le fait de prendre soin du corps, de l’intellect, des émotions et de l’esprit d’une personne. On critique alors la médecine conventionnelle pour sa réduction des individus à leur biochimie et leur physiologie.
  • L’emphase sur l’approche holistique introduit la spiritualité dans la MCA. Beaucoup de visions du monde à la base de la MCA ont une origine religieuse et tendent à inclure des pratiques religieuses traditionnelles comme thérapies.

Cet article a pour objet d’insister sur les implications de ces deux dernières caractéristiques. Les deux premières soulèvent des questions et préoccupations scientifiques et il sera possible d’y répondre lorsque la recherche sera capable de fournir le type de preuve nécessaire pour émettre les recommandations nécessaires à l’égard de ces thérapies. L’emphase sur l’approche holistique des soins de santé et la promotion de la spiritualité mènent à des questions spécifiques qui seront l’objet principal de cet article.

La MCA a commencé à inclure des perspectives spirituelles et des pratiques considérées traditionnellement comme religieuses. Beaucoup de ces croyances et pratiques ont été décrites comme l’approche New Age de la guérison. iCe mouvement promeut une « spiritualité » fluctuante plutôt qu’un ensemble fixe de doctrines. Par exemple, plusieurs types de pratiques qui permettent aux individus d’accéder aux énergies spirituelles ésotériques sont mis en avant. On voit ainsi apparaître des pratiques comme le toucher thérapeutique, le Reiki et le Qigong. Des pratiques religieuses plus traditionnelles ont bénéficié d’un regain d’intérêt, comme la prière et l’imposition des mains. La MCA comprend également le conseil de guérison qui est tiré du contact avec les anges, les guides et autres êtres spirituels. La MCA a ainsi réintroduit la religion dans la médecine, ce qui a créé certains types de difficultés que nous allons aborder ici.

Guérisseur, prêtre et sorcier

Le lien entre la spiritualité et la santé n’est pas nouveau. Dans toute l’histoire, la religion et la médecine ont toujours ont toujours été étroitement liées. ii Dans l’Egypte ancienne, alors que la médecine incluait des pratiques physiques comme le massage et les lavements, religion et magie ne faisaient qu’une. Imhotep, physicien légendaire, était adoré comme un dieu. Les cultures mésopotamiennes établissaient peu de distinction entre la religion et la médecine. Le diagnostic et le traitement impliquaient différents rituels et pratiques magiques mis au point par les prêtres pour combattre les esprits maléfiques responsables des maladies. Les anciennes écritures hébraïques refusaient le recours à la magie pour la guérison ou dans quelconque domaine de la vie. On encourageait les Israélites à se tourner vers Dieu qui était « Yahvé, celui qui te guérit ».iii Dans la Grèce antique, le culte d’Asclepius a formé des sanctuaires qui étaient tout autant des centres de guérison que de culte.iv

La société chinoise ancestrale croyait que les esprits devaient être pacifiés pour éviter les maladies et le chaos de la vie. La médecine chinoise traditionnelle utilisait des herbes et la physiatrie, mais envisageait également la dimension spirituelle de la santé. Le bouddhisme approuve les approches médicale et religieuse de la guérison, et ses différentes branches privilégient l’une ou l’autre. Beaucoup de sociétés tribales possèdent leur shaman, sorcier, marabout, ou holy man. Le shaman était le guérisseur et le prêtre de la tribu, et tirait sa connaissance de ses contacts avec les esprits des ancêtres, animaux et démons. Il servait de médiateur entre les esprits et les personnes malades dans la tribu pour déterminer comment apaiser les esprits responsables de la maladie.

Jésus Christ combinait guérison et vie spirituelle. v Les premiers chrétiens insistaient sur l’attention accordée aux malades et non à leur guérison. Au quatrième siècle, l’Église chrétienne prodiguait beaucoup de soins médicaux et a monté les premiers « hôpitaux ». A ce moment encore, la médecine faisait partie intégrante de la religion, en l’on pensait que la médecine et les aptitudes médicales étaient des dons de Dieu. vi La plupart des religions se sont ainsi mises à respecter la médecine, et les personnes de foi étaient souvent les plus motivées pour prendre soin des malades et des mourants. vii

Médecine conventionnelle et religion

Cependant les choses ont commencé à changer en Europe autour du quinzième siècle. Avec le développement de la science moderne, la médecine est devenue plus séculaire. La période des Lumières a fait l’apologie de la science et de la raison, pas de la foi et de la religion. Les découvertes scientifiques des dix-neuvième et vingtième siècles ont apporté beaucoup d’améliorations sur le plan de la santé dans le monde occidental. Les aspects physiques de la santé et de la maladie ont été mis en avant, tandis que les questions spirituelles étaient rejetées (ou tout au moins négligées) pendant les périodes de maladie.

Tandis que la médecine gagnait en influence, la religion a été poussée en marge de la vie. Les réponses religieuses proposées en explication de la maladie (qui se rapportaient au péché ou aux démons) ne tenaient plus la route face aux découvertes scientifiques. La science semblait prouver qu’on avait de moins en moins besoin de Dieu pour répondre aux questions existentielles. Un « mur de séparation officiel » s’est élevé par lequel les religions « devenaient responsables des âmes tandis qu’on faisait confiance aux professionnels de la médecine pour prendre soin des corps ». viii Certains restent convaincus que religion et médecine demeurent deux domaines distincts. Deux aumôniers d’hôpitaux commentaient récemment : « Religion et Science, Religion et Médecine sont deux domaines différents et sont qualitativement différentes. » ix Cette vision a contribué à la dichotomie entre la médecine et la religion.

Tandis que la religion semblait moins pertinente dans la vie de tous les jours, la société a continué à se tourner vers les idées religieuses et la spiritualité pour trouver de l’aide, parce que la « religion est l’une des manières les plus répandues et puissantes de permettre aux individus de trouver signification et valeurs dans leurs expériences, y compris la maladie. » x Les individus continuent à se poser des questions profondes sur le sens de la vie et sur ce que la mort peut apporter. Ces questions deviennent centrales face à la maladie, au handicap ou à la mort.

Dans ce contexte, on a observé un intérêt récent pour la médecine complémentaire et alternative (MCA). Les progrès de la médecine ont un prix. Les visites chez le médecin sont souvent synonymes de longues attentes, d’interactions impersonnelles, de blouses gênantes, de résultats incompréhensibles, et de coûts élevés. La médecine conventionnelle accorde peu d’attention au style de vie, aux relations, au stress et à la spiritualité. L’accent principal semble être mis sur le corps et les problèmes qui y sont liés, pas sur la personne qui rencontre ce problème. Beaucoup ressentent une attirance immédiate pour l’approche holistique de la MCA. Les patients se sentent souvent mieux après avoir modifié leur régime ou leur style de vie selon les recommandations de la MCA et sont souvent enclins à suivre ses autres recommandations.

Lorsque l’on se tourne vers la MCA, on reçoit souvent plus que des conseils de santé. Ces thérapies présentent souvent d’autres visions religieuses du monde. ‘Les médecines alternatives ont ainsi permis à de nombreux Américains de la classe moyenne de faire connaissance avec de nouvelles perspectives philosophiques et spirituelles sur la vie. » xi Les théories et les pratiques, souvent présentées comme des concepts liés à la santé, introduisent « une interprétation de la réalité à connotation religieuse ». xii Ainsi, le recours à la médecine alternative est un mouvement beaucoup plus religieux que médical.

Les adeptes du mouvement New Age « résistent à toute séparation entre la spiritualité et la santé physique, ou entre la foi et la médecine. » xiii Ils souhaitent ressentir la réalité de Dieu ou le travail divin dans leurs vies. Ainsi, les techniques de guérison sont très attrayantes, puisqu’elles offrent une manière d’accéder aux énergies spirituelles, et les utilisent de manière tangible. Un avantage de la séparation entre la médecine et la religion était que l’on savait à quoi s’attendre lorsque l’on demandait conseil dans un domaine ou dans l’autre. Ceci n’est plus le cas. Pour citer un des partisans du mouvement New Age, « J’ai obtenu plus de la médecine de l’esprit et du corps que je n’en demandais : j’ai obtenu la religion. » xiv.

Quelques exemples

Nous nous appuierons sur l’exemple du Reiki pour illustrer notre propos. Le Reiki est une thérapie japonaise que l’on dit avoir été pratiquée par Bouddha et Jésus-Christ. xv Le terme « Reiki » vient de deux mots, Rei, qui signifie l’esprit ou la source de vie, et Ki qui signifie la puissance ou l’énergie.xvi Le Ki (également appelé prana ou chi) est une énergie non physique, inconditionnelle, divine, aimante et guérisseuse. xvii On a pensé pendant des siècles que la connaissance de cette pratique était perdue, jusqu’au dix-neuvième siècle où un moine bouddhiste l’a redécouverte après avoir médité, jeûné et prié pendant trois semaines au sommet d’une montagne japonaise. Des informations complémentaires ont pu être obtenues grâce au « channelling », qui est un moyen d’obtenir des informations ésotériques en consultant des êtres spirituels appelés guides spirituels. Jusqu’à une période récente, le Reiki était pratiqué lors de cérémonies secrètes, et on interdisait à ses pratiquants de révéler leur savoir. Aujourd’hui, le Reiki est ouvertement vanté dans les ouvrages populaires de médecine alternative et les revues professionnelles de plusieurs professions de santé.

Selon les pratiquants du Reiki, lorsque le ki peut circuler librement à l’intérieur et à travers une personne, la santé est assurée. Si la circulation est bloquée, les maladies se développent. Le but du Reiki est de restaurer le flux d’énergie sain. La thérapie consiste en une imposition des mains sur ou au-dessus du corps du patient pour le mettre en accord avec l’énergie vitale. Les praticiens sont vus comme des canaux qui permettent la circulation de l’énergie en la dirigeant vers le champ énergétique du patient. Le flux d’énergie provoque chez les patients des sensations de chaleur, de froid, de picotements, de douleur ou de visions de couleur, et au bout de quelques minutes, les praticiens savent d’instinct comment se déplacer vers une autre zone. Une séance de guérison complète peut durer jusqu’à une ou deux heures.

La formation au Reiki implique la rencontre avec un Maître du Reiki pendant plusieurs « cérémonies d’initiations » appelées « harmonisations » xviii. Il s’agit de rituels « spirituels, sacrés et confidentiels ». xix Pendant les harmonisations, un Maître de Reiki appellent les guides spirituels vers les shakras ou « centre énergétiques » ouverts des étudiants. Cette pratique part du principe que les shakras de la plupart des individus sont fermés, et empêchent la détection de l’énergie. Les harmonisations ouvrent les shakras et remplissent les élèves d’énergie vitale, et s’accompagnent souvent de sensations de chaleur dans leurs mains. Les élèves reçoivent également de manière intuitive des symboles spécifiques qui seront par la suite primordiaux pour leur pratique religieuse.

Les praticiens du Reiki du premier degré peuvent détecter et déplacer l’énergie vitale chez les autres. Les praticiens du Reiki du deuxième degré apprennent à utiliser leurs symboles pour administrer un traitement et pour envoyer l’énergie vitale sur de longues distances. Ils contactent les guides spirituels et collaborent avec eux pendant les guérisons. Le troisième niveau, représenté par le Maître de Reiki, peut traditionnellement être atteint au bout de trois ans de formation auprès d’un autre maître pendant lesquels les praticiens consacrenr leur vie au Reiki, finissent par incarner l’énergie vitale et donnent le contrôle total des séances de guérison à leurs guides spirituels. xx On constate ici une différence avec les récentes tentatives d’intégrer le Reiki dans les services médicaux dominants, qui déclarent que tous les niveaux du Reiki peuvent être atteints en quelques week-ends. xxi

Les expériences ressenties pendant les séances de Reiki sont souvent décrites comme « liminales ». On entend par là différents états modifiés de conscience, de sensations paradoxales (comme le fait de se sentir à la fois lourd et en apesanteur), de perte de la notion de temps et de sensations d’énergie. Les descriptions plus récentes d’expériences du Reiki mettent le doigt sur une controverse entourant la pratique de ce dernier. Des chercheurs ont remarqué que « les états liminaux de conscience… sont souvent associés à une expérience religieuse profonde et on les rapprochés de pratiques de guérison rituelles dans différentes cultures. » xxii

De telles expériences, associées aux origines de la thérapie, posent la question de savoir si le Reiki est plus une pratique religieuse qu’une thérapie curative. Le Centre International de Formation au Reiki dit du Reiki : « C’est la conscience de Dieu appelée Rei qui guide la force vitale appelée Ki dans la pratique que nous appelons Reiki. Par conséquent, le Reiki peut être défini comme l’énergie de la force vitale guidée spirituellement ». xxiii Par contraste, d’autres praticiens déclarent que « le Reiki n’est ni une religion ni un culte. On le considère comme une discipline spirituelle naturelle composée d’éléments intrinsèques de respect, d’harmonie et de compassion. » xxiv

Ce qui est le plus perturbant, c’est que l’origine et la nature religieuse du Reiki ne sont pas révélées aux personnes incitées à expérimenter cette pratique. On a pu voir plusieurs publications au sujet du Reiki dans des revues de soins médicaux importantes, principalement des revues d’infirmiers. Ces publications décrivent la pratique, et pourtant aucune ne mentionne son origine religieuse ou ses pratiques ouvertement occultes. Peu, sinon aucune, traitent du rôle des guides spirituels ou du degré auquel les Maîtres de Reiki sont sensés se consacrer au contrôle de ces êtres spirituels.

De manière plus générale, la médecine énergétique présente des connexions évidentes avec les religions occultes. Le toucher thérapeutique est une pratique curative apparentée qui suscite de plus en plus d’intérêt chez les infirmiers. Le thérapeute entre en état de méditation, pendant lequel il est capable de ressentir et de manipuler l' »énergie vitale » d’une personne. Dans le Toucher thérapeutique, cette énergie est appelée prana, terme Sanskrit hindou. Le toucher thérapeutique est une pratique qui a été initiée par une infirmière enseignante, Dolores Krieger et Dora Kunz, alors présidente de la Theosophical Society (société théosophique) aux Etats-Unis. La théosophie est un mélange syncrétiste de religions et de philosophies anciennes et occultes, qui prône aujourd’hui le Toucher thérapeutique. xxv Des ouvrages théosophiques plus anciens, ainsi que des ouvrages occultes et de sorcellerie, décrivent des pratiques identiques au Toucher Thérapeutique, bien qu’elles soient généralement appelées pranathérapie (« pranic healing ») ou aurathérapie. xxvi

Krieger admet qu’il existe un facteur occulte élevé dans le fonctionnement du Toucher thérapeutique. xxvii Elle recommande la divination pour parvenir à la maîtrise de cette pratique. xxviii Une autre formatrice du Toucher thérapeutique, reconnue également en tant qu’infirmière enseignante a déclaré : « La pratique du Toucher Thérapeutique m’a changée et continue à me changer…[et] nécessite une certaine philosophie, et ce changement de philosophie influence toute l’existence d’une personne. » xxix Krieger a remarqué que lorsque ses étudiants apprennent le Toucher Thérapeutique, « [leur] sensibilité par rapport aux autres ainsi que leur sensibilité psychique personnelle se développe…beaucoup parmi ceux qui passent par ces modifications de la conscience sentent qu’ils peuvent également comprendre et communiquer avec d’autres êtres doués de sensations, comme les arbres, les oiseaux, les animaux, ainsi que les êtres humains. » xxx Elle décrit ensuite comment un très vieux érable lui a un jour indiqué en des « termes très clairs » comment retrouver un chien perdu.

La médecine alternative entraîne les individus dans des croyances religieuses, et les encourage à accepter ses vues religieuses d’une manière radicale. Deepak Chopra, alors qu’il suivait des études de médecine conventionnelle, est devenu un gourou important dans les milieux de médecine alternative. Il maintient que : « J’ai conscience de moi-même en tant que potentiel incommensurable de tout ce qui a été, est et sera… Il n’existe d’autre Moi que l’univers entier. Je suis et ne suis nulle part et partout à la fois, je suis omniprésent, omniscient ; je suis l’esprit éternel qui anime toute chose de l’existence. » xxxi Quelle autre chose Chopra décrit-il sinon Dieu ? Et ne déclare-t-il donc pas qu’il est Dieu lui-même ?

La médecine alternative cherche souvent à mettre ses patients en contact avec les religions ou des figures religieuses. Ce phénomène est parfois décrit comme une présence intérieure. Dean Ornish, pourtant chercheur médical reconnuse plaît à citer dans un de ses ouvrages Sri Swami Satchidananda : « Tout le monde peut connaître son Soi, le Dieu intérieur ». Gornish ajoute : « Si je peux aimer le Soi chez [une autre personne], alors je peux aimer le Soi en moi, et enfin, je peux les voir comme une seule et même chose ». xxxii Même dans les ouvrages se réclamant d’être des traités scientifiques sur les thérapies, on parle en termes religieux. Pour beaucoup de gens, c’est ce qui rend la médecine alternative attrayante. L’une des principales raisons pour lesquelles beaucoup de gens sont attirés par ces thérapies est qu’elles proposent des manières spirituelles et religieuses d’appréhender le monde.

Problèmes soulevés sur le plan de la spiritualité

Mais cet engouement pour la religion alternative n’est pas seulement positif. Lorsqu’une personne est malade et vulnérable, il est plus facile d’en tirer profit. Les professionnels de la santé jouissent d’un statut d’autorité, et les patients peuvent se sentir obligés d’être d’accord avec tout ce que le professionnel déclare. Les thérapeutes alternatifs ont au bout du compte un statut identique. On a depuis longtemps identifié cette situation et c’est pourquoi il incombe aux praticiens de la santé d’aider les patients à prendre des décisions informées sur les soins qu’ils reçoivent. Le patient doit recevoir des informations suffisantes sur les thérapies et les traitements qu’il est susceptible de recevoir de manière à ce que ses décisions soient réellement informées.

Lorsqu’une thérapie ou un remède a une origine spirituelle ou religieuse, celle-ci doit être révélée au bénéficiaire potentiel. Ce n’est souvent pas le cas avec les thérapies alternatives. Le Reiki est profondément enraciné dans des pratiques spirituelles, et pourtant ceci n’est mentionné dans aucun article professionnel traitant de cette thérapie. Les articles sur le Toucher Thérapeutique déclarent que la pratique n’a aucun fondement religieux, malgré les propos de l’une de ses fondatrices, selon lesquels la pratique serait basée sur les mêmes principes que le bouddhisme. » xxxiii

Les patients ont le droit de connaître ces origines religieuses. Les personnes qui ont d’autres convictions religieuses souhaiteront savoir s’il existe un conflit potentiel avec leurs croyances. Il est courant que les religions encouragent leurs patients à ne pas s’adonner à des pratiques faisant partie d’autres systèmes religieux. Par exemple, on trouve dans la Bible des avertissements destinés aux Juifs et aux Chrétiens les mettant en garde contre la magie, le spiritisme ou la divination, ou le contact avec les guides spirituels. xxxiv Pourtant, beaucoup de thérapies alternatives ont recours à de telles pratiques, et ne les dévoilent pas aux intéressés.

Le consentement informé implique également que les bénéficiaires potentiels soient avertis des effets indésirables. Les recherches menées sur les thérapies alternatives révèlent un nombre croissant d’effets indésirables. Ce n’est pas surprenant en ce qui concerne les thérapies de type galénique puisqu’elles consistent en l’introduction dans l’organisme de substances chimiques pouvant avoir un effet physiologique. Cependant, on connaît des cas dans lesquels les thérapies basées sur l’énergie vitale induisent des effets indésirables. Ils ont fait l’objet de descriptions détaillées dans le cas du Toucher Thérapeutique. xxxv

On peut se demander comment le fait de déplacer ses mains de quelques centimètres au-dessus du corps d’un patient peut être nuisible physiquement, pourtant Krieger, et d’autres mettent en garde contre des effets secondaires. « Le fait de canaliser l’énergie vers une personne malade n’est pas suffisant ; par expérience, je pense qu’on peut en fait faire plus de mal que de bien en inondant d’énergie une personne. »xxxvi Krager déclare plus loin de manière plus spécifique : « Nous ne sommes actuellement pas en mesure de bien comprendre les énergies humaines, mais nous savons qu’une interaction aveugle et persistante peut surcharger le système humain ; le malade peut souffrir d’une overdose d’énergies humaines ».xxxvii Elle décrit même plusieurs symptômes : « Les signes de surcharge progressive dont il faut avoir conscience comprennent l’agitation, l’irritabilité et l’anxiété qui peuvent être exprimées sous forme d’hostilité ou ressenties comme une douleur par le malade. » xxxviii Aucune étude clinique ne vient appuyer ces déclarations, et on ne dispose d’aucun élément relatif à la fréquence de ces effets indésirables.

Les traditions plus anciennes impliquant l’énergie vitale donnaient souvent ce type d’avertissements. La manipulation du prana fait partie des religions occultes et des pratiques magiques. Les auteurs parlent « des dangers liés au travail avec les feux ou les pranas de l’Univers. » xxxix, même lorsqu’il a une fin thérapeutique. Le président de la Theosophical Society aux Etats-Unis avant Dora Kunz, la co-fondatrice du Toucher Thérapeutique, était G. De Puruker. Il a proféré des mises en garde contre l’utilisation de pratiques de manipulation de l’énergie vitale, qu’il appelait magnétisme : « Je pense qu’il est très dangereux qu’un homme, même armé des meilleures intentions, tente d’utiliser son magnétisme sur un autre être humain. Je sais qu’il peut faire du bien. Mais je sais aussi qu’il peut engendrer le mal. Je sais qu’il existe des hommes à l’âme pure qui pratiquent la guérison ; mais je pense que c’est une pratique extrêmement dangereuse. Je ne l’autoriserais pas sur moi-même… C’est jouer avec le feu. » xl Il est assez ironique de remarquer que l’organisation développée par de Puruker fait aujourd’hui l’apologie de ces pratiques, aujourd’hui appelées thérapies alternatives.

L’accent matérialiste pris depuis peu par ces pratiques empêche quelquefois le public de prendre en compte leurs effets indésirables. Le Dr. Brugh Joy, médecin partisan de ces pratiques, décrit certaines raisons pour lesquelles elles peuvent être nocives pour mettre en garde contre la manipulation des énergies vitales.

« L’accès à ces énergies est un jeu avec le feu, et les conséquences en sont sérieuses et peuvent s’avérer dangereuses… les conséquences d’une décision hâtive, ou le fait de jouer avec le système des shakras peuvent mener à la psychose, à l’aggravation des névroses, à l’accélération des processus des maladies et au suicide ».xli On commence à prêter attention aux effets psychologiques indésirables de certaines thérapies alternatives.

Dans la médecine chinoise traditionnelle, il existe une pratique appelée Qigong qui signifie littéralement « Travail énergétique ». Il s’agit de méditation, d’exercices de respiration et de mouvements doux répétitifs. Cette pratique a été maintenue secrète jusqu’aux années 1980 et est depuis devenue populaire dans certaines cultures asiatiques. L’intérêt pour le Qigong va croissant dans les pays occidentaux en raison d’efforts concertés pour promouvoir la pratique au moyen de conférences internationales. Cependant, il existe de nombreux témoignages de personnes souffrant d’effets indésirables, allant de symptômes relativement faibles comme les maux de tête, la bouche sèche et des tiraillements musculaires jusqu’aux hallucinations et crises psychotiques. Il semble que ces symptômes disparaissent assez rapidement après l’abandon de la pratique du Qigong. On estime que 1,5 milliards de personnes pratiquent régulièrement le Qigong en Chine, et des cliniques spécialisées se sont ouvertes pour traiter les individus souffrant de réactions indésirables. xlii Ces pathologies font partie de la Classification chinoise des troubles mentaux, une liste officielle, dans laquelle elles sont appelées « troubles mentaux induits par le Qigong ». xliii

Même des pratiques apparemment anodines comme la méditation ne vont pas sans poser problème. Deux adeptes issus du Bouddhisme vont jusqu’à mettre en garde : « Bien trop souvent, les personnes qui recommandent différentes pratiques de méditation et de visualisation n’en ont aucune expérience, ou une expérience limitée, et il arrive qu’elles n’aient aucune idée de leurs ramifications négatives potentielles » xliv. Ils expliquent : « La visualisation n’est jamais anodine…Ce qu’il faut absolument comprendre à cet égard, c’est que l’ignorance ne nous protège pas toujours du mal. » xlv La médecine alternative encourage souvent la méditation. Pourtant, une étude a dévoilé que 48 pour cent des adeptes de la méditation transcendantale (MT) souffraient d’effets indésirables. xlvi Les plus courants étaient l’anxiété, la dépression, la confusion, la frustration, la tension mentale et physique et des explosions inexplicables de comportement antisocial. Ces effets ont été rapportés par des formateurs en méditation transcendantale qui continuaient à pratiquer, et non par des individus ayant abandonné la pratique. D’autres études rapportent des découvertes similaires, avec des exemples de cas dans lesquels les effets indésirables allaient jusqu’à la tentative de suicide et l’internement en hôpital psychiatrique. xlvii

Il est possible que ces effets ne soient pas dus à des problèmes psychologiques provoqués par la méditation, et il est possible que certaines personnes présentent une prédisposition pour certains problèmes. Cependant, une autre explication est possible, à laquelle ont depuis toujours fait référence toutes les religions du monde.
Un Bouddhiste pratiquant la formule de la manière suivante : « Dans l’état initial de la méditation, l’adepte éprouve souvent une instabilité émotionnelle, des anormalités physiques et des hallucinations…. La méditation bouddhiste Tendai, le Shika, appelle cet état le « majikyo » (le royaume démoniaque)…La maladie Zen décrite par le bouddhisme Zen est probablement la même chose. » xlviii

Les principales religions mondiales ont toujours pensé que le royaume spirituel n’était pas uniquement composé de lumière pure et de bonnes intentions. Tout comme le bien et le mal co-existent dans le monde physique, ces religions enseignent que le bien et le mal existent aussi dans le monde spirituel. La version New Age de la spiritualité qui domine la médecine alternative encourage la croyance selon laquelle le contact avec le monde et les être spirituels est uniquement porteur de bien.

Ainsi, on fait fi de toutes mises en garde. Les appels au discernement sont ridiculisés. Pourtant, de cette manière, des millions de personnes sont dirigées dans un royaume à propos duquel elles ont très peu de connaissances et que l’histoire a toujours considéré comme très dangereux.

Beaucoup de gens ne croient guère à l’existence de démons et d’esprits démoniaques. Pourtant, dans les cultures traditionnelles dans lesquelles la connexion entre le monde physique et le monde spirituel existe toujours, l’existence d’un royaume démoniaque fait partie de la réalité, et constitue un élément dont les êtres humains doivent être protégés. Le judaïsme, le christianisme et l’islam acceptent l’idée qu’il existe un démon qui cherche à nous nuire, tout comme il existe un dieu qui cherche à nous aider. Beaucoup de pratiques prônées par la médecine alternative ont été rejetées par ces religions, car considérées nocives. Et pourtant beaucoup d’individus sont aveuglément guidées dans de telles pratiques par les adeptes de la médecine alternative. Les effets indésirables, lorsqu’ils se manifestent, sont appelés « crises de guérison » et une implication plus forte est prônée pour en venir à bout. L’individu se retrouve ainsi piégé dans un cercle vicieux qui présente de nombreux points communs avec les sectes.

Monts et merveilles sont promis à la personne qui commence à s’adonner à la pratique. Lorsque les résultats sont négatifs, on la rassure en lui disant qu’une plus grande implication est nécessaire. On l’avertit souvent qu’elle ne peut arrêter la pratique sous peine d’aggraver les choses.

Il est donc nécessaire d’avertir les gens que certaines thérapies alternatives offrent un potentiel bénéfique, tandis que d’autres offrent un potentiel maléfique. Il faut davantage informer les individus avant de les exposer à ces thérapies et aux thérapeutes qui véhiculent des visions du monde religieuse et philosophique complètement nouvelles. Même dans le cas de la chiropratique, thérapie alternative de plus en plus acceptée socialement, sinon médicalement, Robert Fuller a découvert qu' »une minorité importante de chiropracteurs continuent à présenter à leurs patients des théories provenant de l’héritage occulte et métaphysique américain. » xlix Il s’est rendu compte que beaucoup de chiropracteurs pensent qu’il est tout aussi important de faire découvrir leurs croyances religieuses que de procéder à des manipulations chiropratiques.

Il est nécessaire de procéder à des recherches supplémentaires pour comprendre la prévalence et les causes précises de ces effets indésirables. En attendant, les praticiens de ces thérapies doivent informer leurs patients de la possibilité d’effets indésirables. Ceci doit particulièrement être le cas lorsque ces thérapies sont recommandées par des professionnels de la santé, ou qu’elles font l’objet d’études. C’est pourtant précisément l’inverse qui se passe. Le ministère de la défense américain a lancé une étude sur le recours au Toucher Thérapeutique chez les grands brûlés. Dans la déclaration de consentement informé qui accompagnait l’étude, on pouvait lire : « L’administration du toucher thérapeutique n’entraîne aucun risque de blessure ».l Pourtant, les chercheurs faisaient également référence à l’ouvrage de Krieger qui formule des mises en garde spécifiques relatives à l’usage du toucher thérapeutique chez les grands brûlés. Il est nécessaire de mettre fin à un tel mépris à l’égard des effets indésirables.

CONCLUSION

Le cloisonnement complet entre la médecine et la religion ne constitue pas un développement positif. Il a mené à une surenchère de l’importance des aspects purement physiques de la santé et de la maladie. La manière dont la médecine alternative a aidé à rétablir ce lien est importante. Les croyances et les pratiques religieuses aident les individus à faire face à la maladie, au handicap et à la mort. De nombreuses études indiquent un lien positif entre la religion et la santé.li La religion a joué un rôle important dans le maintien de la santé de l’humanité, comme l’a remarqué Henry Sigerist, historien de la médecine réputé : « Il restait au Christianisme à introduire le changement le plus révolutionnaire et le plus décisif dans l’attitude de la société à l’égard des malades. Le Christianisme s’est adressé aux déshérités, aux malades et aux miséreux, en leur offrant la guérison, aussi bien spirituelle que physique…La position sociale de l’homme malade est ainsi devenue fondamentalement différente de ce qu’elle avait été jusque là. Il s’est mis à jouir d’une position de faveur dont il continue depuis à bénéficier. lii

Cependant, l’équilibre entre la religion et la médecine doit être préservé. D’un côté, il est dégradant pour la religion d’être reléguée au rang d’une simple thérapie complémentaire à utiliser pour rester en bonne santé. La prière n’est pas une simple thérapie comme le Prozac, le millepertuis ou le massage. La prière est un dialogue avec Dieu et fait partie intégrante de la relation de l’individu avec lui. De la même manière, le mariage peut amener des bienfaits sur le plan de la santé, mais il serait déplacé de considérer principalement son compagnon ou sa compagne comme un instrument hygiénique.

D’un autre côté, les promoteurs de la médecine alternative doivent faire attention à leur manière de recommander leurs thérapies. Leur autorité crée une situation dans laquelle les personnes malades sont vulnérables et sont susceptibles d’accepter des conseils avec lesquels ils n’auraient sinon pas été d’accord. La philosophie religieuse New Age prônée par la médecine alternative en guise de soin de santé représente un véritable danger. Souvent, non seulement les thérapies New Age cachent leurs origines religieuses, mais elles nient même l’existence de ces dernières. Dans son enquête sur la croissance de la popularité de la spiritualité New Age dans le milieu infirmier, Barbara Barnum met le doigt sur des questions très pertinentes : « La pratique de l’infirmier New Age est-elle trompeuses ? L’état affaibli des patients les rend-il des cibles idéales de l’opportunisme ? Si les soins infirmiers New Age sont des soins de l’âme, sont-ils en train d’usurper le rôle de ceux qui sont sensés être le mieux préparés pour cette tâche, à savoir les prêtres, les pasteurs et les rabbins ? Ou bien les infirmiers sont-ils les représentants d’une nouvelle religion ? » liii.

Il est nécessaire d’être ouvert et honnête, et d’informer les gens des bénéfices apportés par la religion et la spiritualité. Mais les praticiens devraient signifier de manière claire à quel moment ils s’éloignent de leur rôle thérapeutique et médical pour aborder des conseils métaphysiques. Ils devraient stipuler l’origine religieuse de leurs croyances, et de quelle manière celle-ci peut être en conflit avec les croyances d’autres religions.

Sont particulièrement concernés les patients religieux qui risquent d’apprendre trop tard qu’ils ont été exposés à des pratiques avec lesquelles ils ne sont pas d’accord ou qui peuvent violer leurs convictions. Le respect des croyances religieuses d’autrui nécessite une ouverture aux idées religieuses en amont de ces thérapies. Les thérapeutes alternatifs doivent également mettre en garde contre les effets indésirables possibles des thérapies énergétiques. En même temps, les personnes qui envisagent d’avoir recours à la médecine alternative doivent se montrer plus responsables dans leur prise de renseignements sur les thérapies et leurs thérapeutes. C’est alors seulement que nous parviendrons à une situation dans laquelle la religion et la médecine pourront participer ensemble au bien-être de la société.

Marseille 27/28 mars 2004

Notes:

i Ted J. Kaptchuk and David M. Eisenberg, « Varieties of Healing. 2: A Taxonomy of Unconventional Healing Practices, » Annals of Internal Medicine 135.3 (August 2001): 196-204.

ii Harold G. Koenig, Michael E. McCullough and David Larson, Handbook of Religion and Health (Oxford: Oxford University Press, 2001).

iii Exode 15:26

iv Arthur K. Shapiro and Elaine Shapiro, The Powerful Placebo: From Ancient Priest to Modern Physician (Baltimore and London: Johns Hopkins University Press, 1997).

v John 10:10

vi Darrel W. Amundsen, Medicine, Society, and Faith in the Ancient and Medieval Worlds (Baltimore: Johns Hopkins University, 1996).

vii Harold G. Koenig, Michael E. McCullough and David Larson, Handbook of Religion and Health (Oxford: Oxford University Press, 2001).

viii Robert C. Fuller, Spiritual, But Not Religious (Oxford: Oxford University Press, 2001), 103.

ix Richard P. Sloan, Emilia Bagiella, Larry VandoCreek, et al., « Should Physicians Prescribe Religious Activities? » New England Journal of Medicine 342.25 (June 2000): 1913-1916.

x Daniel E. Hall, « Medicine and Religion » [Letters] New England Journal of Medicine 343.18 (November 2000): 1339-1342.

xi Robert C. Fuller, Spiritual, But Not Religious (Oxford: Oxford University Press, 2001), 102.

xii Robert C. Fuller, Spiritual, But Not Religious (Oxford: Oxford University Press, 2001), 103.

xiii Ted J. Kaptchuk and David M. Eisenberg, « Varieties of Healing. 2: A Taxonomy of Unconventional Healing Practices, » Annals of Internal Medicine 135.3 (August 2001): 196-204.

xiv Marty Kaplan, « Ambushed by Spirituality, » Time (24 June 1996): 62.

xv Diane Stein, Essential Reiki: A Complete Guide to an Ancient Healing Art (Freedom, CA: Crossing Press, 1996).

xvi Diane W. Wardell and Joan Engebretson, « Biological Correlates of Reiki Touchsm Healing, » Journal of Advanced Nursing 33.4 (February 2001): 439-45.

xvii Lavina Melwani, « Rx: Reiki, » Hinduism Today (January 1998): 38-9.

xviii Sharon L. Van Sell, « Reiki: An Ancient Touch Therapy, » RN 59.2 (February 1996): 57-9.

xix Leslie Nield-Anderson and Ann Ameling, « The Empowering Nature of Reiki as a Complementary Therapy, » Holistic Nurse Practitioner14.3 (April 2000): 21-9

xx Stein, Essential Reiki.

xxi Nield-Anderson and Ameling, 25-6.

xxii Engebretson J, Wardell D. Experience of a Reiki session. Alternative Therapies in Health and Medicine 8 (2002): 48-53

xxiii International Center for Reiki Training. Available at: http://www.reiki.org/reikifaq/whatisit.html. Accessed October 1, 1999

xxiv L. Nield-Anderson and A. Ameling, « Reiki. A complementary therapy for nursing practice, » Journal of Psychosocial Nursing and Mental Health Services 39.4 (April 2001): 42-9.

xxv Sharon Fish, « Therapeutic Touch: Healing Science or Metaphysical Fraud? » Journal of Christian Nursing 13 (Summer 1996): 4-13.

xxvi Dónal P. O’Mathúna, « The Subtle Allure of Therapeutic Touch, » Journal of Christian Nursing 15 (Winter 1998): 4-13.

xxvii Robert Calvert, « Dolores Krieger, Ph.D. and her Therapeutic Touch, » Massage 47 (January/February 1994): 56-60.

xxviii Dolores Krieger, The Therapeutic Touch: How to Use Your Hands to Help or Heal (Englewood Cliffs, NJ: Prentice-Hall, 1979), 80.

xxix Janet Quinn, « Therapeutic Touch: One Nurse’s Evolution as a Healer, » in Therapeutic Touch: A Book of Readings, ed. Marianne Borelli and Patricia Heidt (New York: Springer, 1981), 62.

xxx Dolores Krieger, Living The Therapeutic Touch: Healing as a Lifestyle (New York: Dodd, Mead & Company, 1987), 53.

xxxi Deepak Chopra, Escaping the Prison of the Mind: A Journey from Here to Here (San Rafael, CA: New World Library, 1992), audiocassette.

xxxii Dean Ornish, Love and Survival: The Scientific Basis for the Healing Power of Intimacy

xxxiii Robert Calvert, « Dolores Krieger, Ph.D. and her Therapeutic Touch, » Massage 47 (January/February 1994): 56-60.

xxxiv Deutéronome 18

xxxv Dónal P. O’Mathúna, « Therapeutic Touch: What Could Be the Harm? » Scientific Review of Alternative Medicine 2.1 (1998): 56-62.

xxxvi Krieger, How to Use Your Hands, 60.

xxxvii Dolores Krieger, Accepting Your Power to Heal: The Personal Practice of Therapeutic Touch (Santa Fe, NM: Bear & Company, 1993), 169.

xxxviii Dolores Krieger, Accepting Your Power to Heal: The Personal Practice of Therapeutic Touch (Santa Fe, NM: Bear & Company, 1993), 75, cf. 74.

xxxix Alice A. Bailey, A Treatise On White Magic: or, The Way of the Disciple, 6th ed. (New York: Lucis, 1963), 565

xl G. de Purucker, Studies in Occult Philosophy (Pasadena, CA: Theosophical University Press, 1945), 590; cf. 622-3.

xli W. Brugh Joy, MD, Joy’s Way: A Map for the Transformational Journey: An Introduction to the Potentials for Healing with Body Energies (New York: Jeremy P. Tarcher, 1979), 8.

xlii Beng-Yeong Ng, « Qigong-Induced Mental Disorders: A Review, » Australian and New Zealand Journal of Psychiatry 33.2 (April 1999): 197-206.

xliii Sing Lee, « Chinese Hypnosis can Cause Qigong-induced Mental Disorders, » BMJ 320 (March 2000): 803.

xliv Shakya Zangpo and Georg Feuerstein, « The Risks of Visualization: Growing Roots Can Be Dangerous, » The Quest (Summer 1995): 84.

xlv Zangpo, 28.

xlvi Leon S. Otis, « Adverse Effects of Transcendental Meditation, » in Meditation: Classic and Contemporary Perspectives, ed. Deane H. Shapiro, Jr. and Roger N. Walsh (New York: Aldone, 1984), 201-7.

xlvii Deane H. Shapiro, Jr., « Adverse Effects of Meditation: A Preliminary Investigation of Long-Term Meditators, » International Journal of Psychosomatics 29 (1992): 62-6.

xlviii YUASA Yasuo, The Body: Toward an Eastern Mind-Body Theory (Albany: State University of New York Press, 1987), 215

xlix Robert C. Fuller, Spiritual, But Not Religious (Oxford: Oxford University Press, 2001), 107.

l Turner, Grant Proposal, Appendix A.

li Harold G. Koenig, Michael E. McCullough and David Larson, Handbook of Religion and Health (Oxford: Oxford University Press, 2001).

lii Henry E. Sigerist, Civilization and Disease (Chicago: University of Chicago Press, 1943), 69-70.

liii Barbara S. Barnum, Spirituality in Nursing: From Traditional to New Age (New York: Springer, 1996), 81.