Jean-François ARMOGATHE

FRANCE

Jean-François ARMOGATHE

– Médecin psychiatre, Membre de la Commission Santé, Ethique, Idéologies à l’Espace Ethique Méditerranéen de Marseille

Didier PACHOUD

– Président du GEMPPI, association pilote de la Commission « Santé, Ethique et Idéologies » de l’Espace Ethique Méditerranéen

Les dérives psychothérapeutiques
Utilisation des psychothérapies en vue d’emprise sectaire

a) Quel rapport y a t-il entre une secte ou un gourou manipulateur et un psychothérapeute ?

Une réponse était donnée à cette question dans le rapport 2001 de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes (MILS), fait au Premier ministre. On pouvait y lire cette mise en garde au sujet des activités de psychothérapeute :

« Les psychothérapies constituent, avec la formation professionnelle, le terrain privilégié investi par de micro groupes sectaires, où sévissent des escrocs et des gourous susceptibles d’une grande capacité de nuisance auprès de personnes vulnérables…»

Interrogée, Anne Fournier, chargée de mission à la Miviludes informait que :

« L’offre attire beaucoup de consommateurs ponctuels. Des gens qui se laissent tenter par des thérapies, par le tarot, des stages de communication pour apprendre à gérer ses émotions, et qui dévorent des ouvrages new age. Tous n’entrent pas forcément dans une secte, mais ils gravitent autour… Les médecins traditionnels se font parfois avoir. »

Dans un rapport du 27 septembre 1996, le conseil de l’ordre des médecins estimait qu’il existait 3 000 médecins sectaires en France.

«Des professionnels de la santé, des libéraux, se tournent vers le sectarisme au bout de dix ou de quinze ans de pratique. Au moment où ils sont à la recherche d’un nouveau souffle», explique Marilyne Deuxdeniers, la conseillère santé à la MIVILUDES. « A l’occasion d’une formation, ils peuvent croiser une organisation sectaire et se laisser piéger. La capacité de financement des médecins attise la convoitise des groupes sectaires. »

Les sectes sont en train de s’engouffrer massivement dans le secteur de la santé et du bien-être et particulièrement dans le créneau  psychothérapeutique. Ceci provient, pour certains, de ce que cette profession n’est encadrée par aucun dispositif légal dans la majorité des pays européens et lorsqu’il y a une réglementation, elle se trouve être inadaptée pour palier aux problèmes suscités par certains abus, la manipulation mentale en particulier, facilités par ce genre d’activité. Pour d’autres, ce phénomène provient de ce que certains pays cautionnent des médecines non conventionnelles, parfois farfelues quand elles ne relèvent pas de superstitions, en créant des diplômes d’Etat ou en en leur accordant un cadre légal.

Tous les observateurs soulignent le succès croissant notamment d’un pseudo bouddhisme technologique ou d’un panthéisme connu sous le nom de New age. Dans ce type de scénario, le maître ou gourou porte souvent le nom de psychothérapeute. Il pare sa doctrine et ses croyances « new ageuses » d’un vocabulaire scientifique et psychologique. C’est habituellement une sorte de psycho sectarisme utilisant certains principes psychologiques connus de tous les professionnels mêlés à des croyances superstitieuses ou religieuses. Il s’agit en général de connecter l’âme du patient adepte, volontiers confondue au psychisme, à l’énergie ou conscience universelle. Cette énergie supérieure serait capable de conférer la connaissance, le bien-être, la puissance et la guérison absolus.

Cependant, l’accès à cette énergie est quasiment impossible au profane « trop conditionné par son éducation, par la société, trop pollué mentalement pour prendre conscience de sa réalité profonde » et atteindre cette autre dimension de la vie (illusion souvent présentée comme la Maya hindouiste). Par contre, le succès est assuré lorsqu’on s’adresse à un grand initié holistique, canal, channel, médiateur de la réalité transcendantale. Qu’il se présente comme gourou ou psychothérapeute, il affirme savoir totalement de quoi nous sommes faits, corps, psychisme et âme, et il sait donc comment résoudre les problèmes de névroses, les psychopathologies et autres maladies…. Pour lui, la médecine et la psychiatrie ne traitent que les symptômes; alors que lui, traite les causes profondes et réelles. Ces « vraies » causes seraient spirituelles, astrales ou psychiques.

Nous sommes donc dans un système où il faut croire, car il n’est pas prouvé scientifiquement, par exemple, que toutes les maladies proviennent d’un traumatisme psychologique. Le « gourou thérapeute », qui est souvent exclusif quant à sa conception des choses ou sa doctrine, devient donc indispensable car ces « causes premières » sont généralement méconnues des scientifiques. Il serait plus honnête que ces thérapeutes holistiques se présentent comme des guérisseurs, voyants, etc.…

b) Quelques exemples concrets de psycho sectarisme

Kryeon et EMF Balancing

Il s’agit d’un nouveau produit psycho-ufologique très en vogue actuellement en provenance d’Outre Atlantique. Entités, archanges, révélations d’outre tombe et d’extra terrestres, hindouisme sauce new age, psychothérapies, médecines parallèles, géniocratie et conceptions particulières de la génétique humaine sont au programme. Cela se présente sous différentes appellations : Kryeon, Kryon, EMF Balancing. Son fondateur Lee Carroll propose une doctrine très particulière d’éducation des enfants dont l’aura de couleur indigo les désignerait comme des surhommes ou des dieux. L’espèce humaine d’essence vulgaire comporte une aura de couleur quelconque, alors que la race spirituelle des génies est marquée d’une aura bleue indigo. Des adeptes adultes sont formés pour détecter ces enfants surhumains et pour conduire les parents dans leur éducation très spéciale. Ces enfants Indigos ne doivent pas se mêler aux autres enfants qui seraient de niveau inférieur. Autre problème dont on peut craindre de fâcheuses inductions dans le psychisme des enfants : on inculque aux parents que s’ils ne se soumettent pas aux enseignements de l’entité Kryeon, leurs enfants qui ont été détectés indigos, risquent de développer des tendances suicidaires. (Voir : Découvertes sur les sectes et Religions n°54 – GEMPPI 2002)

« Il justifiait son discours psychothérapeutique par un fatras syncrétique de catholicisme mêlé à une approche karmique »

Un monsieur nous confie sa mésaventure avec un psycho gourou : « Suite à un déménagement pour cause professionnelle et au décès du frère cadet de sa compagne, celle-ci se trouve fatiguée physiquement et psychologiquement déprimée. Une connaissance lui indique un psychothérapeute magnétiseur. Après 2 séances ma compagne m’informe que le thérapeute m’a vu au travers d’elle et qu’il désire me rencontrer de toute urgence parce que notre couple est en danger. Ayant rencontré le thérapeute, celui-ci a entrepris à mon égard un travail de démolition et de culpabilisation et au lieu de consolider notre couple, s’est évertué à dénigrer mon épouse. Il justifiait son discours psychothérapeutique par un fatras syncrétique de catholicisme mêlé à une approche karmique. Il était totalement dénué d’humanité et a incité ma femme à me quitter.»

Un autre monsieur confronté à une équipe de thérapeutes « holistiques » ayant entrepris sa femme et qui font marcher leur business en se repassant leurs clients: «Une ostéopathe drainant des personnes accidentées, souffrantes ou stressées les envoie, après en avoir tiré le montant de ses prestations, vers une de ses partenaires psychothérapeute (rebirth)-relaxologue-sophrologue-hypnothérapeute. Le problème est, notamment, que la psychothérapeute, grâce au don de radiesthésie et de voyance de son concubin, discerne chez tous ses patients-clients l’être malveillant qui les plonge dans leur état de stress. Après de nombreuses séance d’hyperventilation (rebirth) elle a fait revivre sa naissance à mon épouse (cette pratique peut provoquer des hallucinations) et son concubin radiesthésiste lui a asséné plusieurs séances de désenvoûtement, avec comme instruments de délivrance : des prières, des photos, des bougies, des mèches de cheveux brûlées, des poupées de cire facturées à 600 euros et une espèce de testeur de courant électrique pour mesurer le stress (ressemblant étrangement à l’électromètre des scientologues). Toute une bibliographie new age et parfois sectaire est proposée à la patiente cliente devenue adepte. Les hallucinations sont interprétées et donnent lieu à des ordres de la part de la thérapeute qui invente à sa cliente adepte une fausse mémoire induite (FMS) et des certitudes amenant ma femme à pratiquer le Feng shui (autre prestation payante) et à quitter le domicile familial avec notre enfant pour être guidée par cette thérapeute et Jésus…Notre couple n’a évidemment pas résisté à ce traitement, d’autant plus que mon scepticisme à fait de moi l’être maléfique cause de tous les problèmes de ma femme.»

Cocktail « analyse transactionnelle, ostéopathie psycho énergétique, philosophie »

Voici la teneur de 2 lettres que nous avons reçu il y a quelque temps  sur un même cas :

« Monsieur, tous les week end ma sœur se rend à M… pour suivre une psychothérapie transactionnelle. Elle est devenus très nerveuse et envoie promener tout le monde, son mari et ses enfants principalement. Depuis cette époque, elle tient un discours violement anti-médical, anti-vaccinations et anti-médicaments allopathiques (antibiotiques…). Que ce soient les bronchites ashmatiques du garçon (9 ans) où la coqueluche de la fille (8 ans), pas moyen de les faire soigner sans une scène de ménage. Ma sœur ne jure que par l’homéopathie, la naturopathie, la cristallothérapie (censée en outre de purger le jardin de ses taupes). Pour couronner le tout, ma sœur est ostéopathe et pense appartenir à l’élite spirituelle de l’humanité.  Seul le traitement ostéopathique qu’elle prodigue à sa fille peut résoudre les problèmes de retard scolaire qu’elle a et l’empêcher de devenir autiste. (En fait, c’est une enfant saine, vive d’esprit et en bonne santé). Elle a, depuis, demandé à son mari une hypothèque sur ses biens personnels. Elle suit sa formation dans une association pratiquant des marathons thérapeutiques, de l’analyse transactionnelle et de l’ostéopathie. »

La lettre du mari : « Monsieur, après une formation en ostéopathie, ma femme a suivi les cours d’un enseignant en techniques énergétiques. Depuis elle s’adonne à ce que je pourrais décrire comme de l’ostéopathie psycho énergétique mettant en œuvre des concepts philosophiques qu’on lui a inculqué, ce qui lui a laissé notamment envisager une « retraite » dans le désert…Son caractère a beaucoup changé. Suite à cela notre couple s’est désagrégé. »

Psycho généalogie et Méthode Hamer

En février 2001 un monsieur est venu nous voir car son fils et sa belle-fille ne lui laissent plus voir sa petite fille, qui est atteinte d’une maladie rare, donc difficile à soigner. Le grand-père aidait, jusqu’à ce moment là, son fils et sa belle-fille, en assurant la garde de l’enfant en l’absence de ses parents lorsqu’ils étaient au travail. Autant dire qu’il avait quasiment élevé pour moitié sa petite fille. Les parents, on s’en doute, très affectés par la maladie de leur enfant, se sont tourné dans leur désarroi vers qui leur faisait les promesses de guérison les plus agréables à entendre, en particulier, un médecin émule du Dr Hamer adepte de psycho généalogie. Cependant, la méfiance du grand-père à l’égard des solutions simplistes proposées par cette forme de psycho généalogie, lui attira les foudres du « spécialiste  transgénérationnel » qui décida que la cause de la maladie de l’enfant provenait des ascendants, en l’occurrence du grand-père. Comme grand papa n’était pas assez docile, il convenait pour le bien de l’enfant, de l’éliminer de son entourage, sans quoi la thérapie familiale ne pouvait aboutir. Résultat : le grand-père ne peut plus voir sa petite fille, son fils et sa belle-fille sont en froid avec lui, ils ont accru leurs difficultés car ils ont dû trouver des solutions pour la garde de l’enfant qui d’ailleurs est toujours malade. Fort heureusement, en tout cas pour l’instant, le psycho généalogiste en question, n’a pas décidé de contre-indiquer les soins médicaux classiques. En psycho généalogie, on appelle cette situation un « conflit de nid ». « Ce conflit correspond à une problématique avec les personnes qui vivent dans notre foyer … tous ceux que nous désirons mettre sous notre aile… grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines » …Affirment les psycho généalogistes.

Le parlement américain condamne la thérapie Rebirth

The Associated Press – Mardi 17 septembre, 2002. WASHINGTON – Le parlement a voté mardi pour condamner une technique thérapeutique connue sous le nom de rebirth, sous prétexte qu’elle est dangereuse et nuisible et il a encouragé tous les états américains à mettre en place une loi l’interdisant. (Le rebirth inspire divers mouvements proches du New Age, dont certains ont été désignés comme sectes dans les rapports parlementaires français). Le rebirth est une thérapie utilisée notamment pour traiter les difficultés relationnelles propres à certains enfants adoptés qui résistent à s’attacher à de nouveaux parents. On met les enfants sous des oreillers, édredons et couvertures supposés représenter le ventre maternel, et on les encourage à trouver leur voie pour en sortir, pour émerger « re-naître », avec leurs parents adoptifs. En 2000, une enfant de 10 ans dans le Colorado a été étouffée lors d’une séance de rebirth. Quatre adultes se sont assis sur les oreillers et couvertures couvrant la fillette, lui appliquant une pression de centaines de kilos. Deux des thérapeutes ont été condamnés à 16 ans de prison lors du décès de Candace Newmaker. Le Colorado a depuis interdit la thérapie rebirth. La résolution signale que quatre autres enfants sont morts de diverses formes de cette thérapie.

Un psychothérapeute « bouddhiste » et ses méthodes  tantriques  et un gourou pervers

Sous prétexte de « thérapie spirituelle », un psychothérapeute bouddhiste aurait entraîné Valérie durant 3 ans à accomplir des actes sexuels dégradants et l’aurait escroquée d’un importante somme d’argent.

Autre cas : Nicolas et sa compagne Anna traversent une crise, ils décident de faire le point et d’entreprendre un travail sur eux-mêmes. Ils tombent sur un livre de Paul S…, et commencent à s’intéresser à sa philosophie d’inspiration hindouiste. Ils le rencontrent à son ashram et décident alors d’habiter à proximité. Didier, le bras droit de Paul S… les prend en charge spirituellement. Il devient à la fois leur thérapeute et leur maître initiatique. Mais après quelques années de travail intensif, Didier signifie qu’Anna sera la « Mère » de son ashram et par la

même occasion sa nouvelle compagne. (D’après « Sortir d’une secte », pages 91 et 126, Tobie Nathan et Jean Luc Swertvaegher, Les empêcheurs de penser en rond, Seuil 2003).

Quelques groupes cités comme sectes dans les 2 derniers rapports parlementaires français
(1995 et 1999) utilisant des psychothérapies :

Anthropos (Activation mentale), Avatar (Star’Edge), Innergy , Eckankar, MSIA, Insight training seminar, La Maison de Jean, Méthode Silva, Système corps miroir, Vital harmony, CEG (Centre d’Etudes Gnostiques), Energie et création, Enseignement et Thérapie de Recherches Evolutives (ETRE), Famille de Nazareth (Atelier de psychanalyse existentielle), Méditation transcendantale, L’arbre au milieu, Landmark Education, La science du mental (Psycho synthèse spirituelle pratique), Mouvement humaniste, Savoir changer maintenant, Scientologie (Dianétique), Silva, Société internationale de trilogie analytique, Spiritual Emergence Network (Respiration holotropique) etc…

Les sectes et gourous guérisseurs utilisent souvent simultanément plusieurs des psychothérapies connues (voir ci-dessous) et y ajoutent des pratiques occultes et magiques telles que le Reiki et des médecines parallèles et des trucs très à la mode comme la kinésiologie dans laquelle on prétend interpréter par le toucher des tensions musculaires révélatrices des stress et de dispositions psychologiques. (Au sujet du Reiki, se reporter au bulletin n°43 du GEMPPI)

c) Peut-on définir une psychothérapie ?

S’il est vrai que les psycho gourous sont nombreux, il reste une majorité de psychothérapeutes (souvent psychiatres ou psychologues de formation) honnêtes et consciencieux qui gagneraient à ce que l’activité de psychothérapeute réponde à des exigences de transparence, ce qui, à notre sens, est plus efficace que de créer des diplômes ou des lois.

On pourrait décrire sous ce nom toutes les thérapeutiques psychologiques, fondées et validées et reconnues par la communauté scientifique, qu’elles soient verbales ou qu’elles passent par une médiation corporelle, sans utilisation de médicaments.

Ce ne sont pas des traitements du psychisme mais des traitements qui mettent en oeuvre des moyens psychiques. Une psychothérapie, c’est avant tout une technique, qu’elle soit verbale ou à médiation corporelle utilisant la parole, appliquée à sa demande, à un sujet, pour son bien-être, dans le respect de sa personne et de sa liberté. Comme toute technique, elle doit être utilisée avec compétence et déontologie.

Partir de cette définition, signifie que l’on accepte la diversité actuelle de nombre de psychothérapies, de la plus « verbale » (la psychanalyse) à la plus corporelle, à condition qu’elle entre justement dans cette définition : technique et non idéologie, demande du sujet pour son bien-être (et pas forcément, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, pour un état de maladie), respect de la personne, liberté sous toutes ses formes, compétence (prouvée) et déontologie bien définie.

Par contre la psychothérapie du gourou serait plutôt un mélange de croyances (vies antérieures, etc.) et de données scientifiques aboutissant à la dépendance et à l’emprise psychologique du patient.

d) Quelles sont les différentes psychothérapies et qu’apportent-elles ?

On assiste actuellement à une prolifération de psychothérapies plus ou moins inspirées par des théories décrites et validées quelque fois un peu trop rapidement. Il ne manque pas de journaux et de revues pour proposer les services de psychothérapeutes dont ni la formation ni les titres ne peuvent être identifiés. Ce qui fera l’objet de nos suggestions.

La classification que nous donnons par ailleurs ne porte que sur certaines techniques parmi les quelques 200 à 300 existantes. Comme nous ne pouvons prétendre à l’exhaustivité, nous présenterons les grandes classes de psychothérapie (d’autres classifications existent)!… Par exemple :

Les psychothérapies de soutien, les psychothérapies psychanalytiques, les nouvelles psychothérapies l’analyse transactionnelle de BERNE, Les mouvements de rencontre, la méditation profonde, Les psychodrames (Moreno, Lebovici, Diatkine, Kestenberg), les psychothérapies verbales de groupe, les psychothérapies à médiation corporelle, les psychothérapies comportementales, les thérapeutiques rétroactives.

Ces psychothérapies peuvent aussi se définir tantôt par les interlocuteurs auxquels elles s’adressent (groupe, famille, couple, institution), tantôt par le procédé qu’elles utilisent : art thérapie, musicothérapie, ergothérapie, tantôt par l’utilisation d’une médiation corporelle : relaxation, etc…

Mais à cette classification très technique, nous préférons une classification selon la théorie psychologique à laquelle le thérapeute se réfère et les modèles conceptuels pour comprendre la dynamique psychique de son action; car, c’est en fonction de ce type de choix théorique qu’il peut élaborer ses interventions et modéliser le type de relation qu’il désire avoir avec son patient.

Dans cette perspective nous distinguerons:

a) La psychothérapie d’inspiration psychanalytique

qui est une pratique dérivée de la psychanalyse. Dans sa forme la plus commune, elle se pratique en face à face, selon un rythme de séances différent de celui de la cure type (en moyenne une séance ou deux par semaine au lieu de trois). Le processus de changement attendu de la cure repose sur la reconstruction de faits inconscients permettant de donner accès à des représentations jusque là réprimées, déniées ou inaccessibles. Le transfert et le contre-transfert sont les moyens sur lesquels repose la dynamique du traitement.

Compte tenu des besoins de plus en plus grands en matière de psychothérapie, le modèle de la cure-type analytique s’est diversifié et assoupli et a donné naissance à des applications variées sous la forme de la psychothérapie d’inspiration psychanalytique que nous venons de décrire.

b) Les autres psychothérapies

Le courant comportementaliste et cognitiviste

C’est le courant dominant actuellement et celui qui, est le mieux validé dans ses résultats thérapeutiques. Ces thérapies viennent de donner lieu à une importante évaluation de l’INSERM, contestée cependant par les tenants des psychothérapies psycho dynamiques. Il s’inspire de l’application de la psychologie expérimentale au champ de la clinique pour comprendre, évaluer et traiter les troubles mentaux et surtout ceux du comportement. Il applique les données de l’apprentissage répondant, opérant, social et cognitif et cherche à modifier la clinique quotidienne au moyen des mécanismes mis à jour par la recherche expérimentale clinique. Il se réfère à une théorie de l’esprit qui se rattache aux sciences de la cognition, dont le but ultime serait de parvenir à déterminer les conditions d’émergence des troubles mentaux à partir de processus neuro-physiologiques et neuropsychologiques. De plus, le cognitivisme considère les troubles des conduites et des comportements, de même que les symptômes d’allure névrotique, comme relevant de dysfonctionnements dans les programmes d’apprentissage. Son but est d’objectiver les processus à l’oeuvre dans l’activité mentale et d’en traiter les perturbations selon des procédures codifiables et reproductibles

Le courant systémique

Il repose sur des conceptions théoriques inspirées à la fois de l’anthropologie et de la théorie générale des systèmes. Elaborée à partir des années cinquante à Palo Alto par un psychologue américain, Gregory Bateson, la thérapie systémique est basée sur une théorie de la communication originale. Le patient y est considéré comme un des éléments du réseau de communications qui le relie à son groupe social et familial. La modélisation systémique s’intéresse en priorité aux interactions familiales et aux indices contextuels sociaux dans lesquels se trouve impliqué le patient plutôt qu’aux facteurs subjectifs de ses troubles. Identifier les dysfonctionnements familiaux permettrait ainsi d’en corriger les effets négatifs et de favoriser les ressorts créatifs du patient et de ses proches. Le changement est attendu de la création de nouveaux contextes, de modifications des mécanismes communicationnels et de l’élaboration de procédures compatibles avec les troubles mentaux détectés.

Le courant humaniste

La psychothérapie humaniste se centre sur la personne et cherche à promouvoir l’autonomie de celle-ci mais elle a l’ambition de le faire en dehors de toute théorisation préalable. Elle préconise une relation d’aide basée sur une compréhension réciproque et sur l’empathie du thérapeute pour son patient. C’est un psychologue américain, Carl Rogers, qui a défini le premier les concepts de la psychothérapie humaniste et précisé sa technique. En dehors de l’empathie, celle-ci se fonde sur la notion de « congruence », c’est-à-dire sur la coïncidence intuitive des sentiments du thérapeute avec ceux du patient. La congruence s’exprime par la reformulation des affects tels que le psychothérapeute les ressent, c’est-à-dire avec un certain décalage qui permet de valider positivement les sentiments négatifs éprouvés par le patient. La psychothérapie humaniste se pratique aussi en groupe. Elle insiste alors « sur les aspects bénéfiques de la rencontre et sur les espaces de liberté que celle-ci permet d’ouvrir ». Les psychothérapies humanistes s’adressent surtout à des individus qui cherchent à « épanouir leur personnalité».

Le courant « éclectique et intégratif ».

Il se base sur la constatation de la multiplicité des techniques, le manque de cohérence et la pauvreté de certaines théorisations, le dogmatisme, l’ostracisme de nombreuses écoles divisées et opposées en «chapelles» rivales. Il propose d’introduire plus de rigueur dans ce domaine, sur la base d’études scientifiques. Ces études ont montré, par exemple, que toutes les théories et les techniques sans exception mettent en jeu, dans des proportions différentes, les mêmes facteurs dits pour cette raison « communs », tels que l’alliance thérapeutique, la motivation du patient, celle du thérapeute, le désir de changement, la régulation des affects, l’articulation entre affects et cognitions etc.

Ces références théoriques sont aussi utilisées pour les psychothérapies réalisées dans d’autres cadres tels que les psychothérapies institutionnelles, de groupe, familiales ou de couple.

Parmi beaucoup d’autres pratiques psychothérapiques, citons l’hypnose et en particulier actuellement l’hypnose Ericksonienne, mais aussi, la Gestalt-thérapie, la Bioénergie, l’Analyse transactionnelle, etc.

Quelques psycho sectes ou psychothérapies parfois détournées
ou se prêtant plus facilement aux déviances sectaires


Nota : les thérapies citées ci-après ne sont pas des sectes, mis à part la scientologie. Elles sont citées parce qu’elles se prêtent plus que d’autres à l’entrisme sectaire éventuel par certains aspects spiritualistes ou aberrants.

Analyses sauvages

Selon Jean-Marie Abgrall (voir bibliographie ci-dessous), dans  » La mécanique des sectes  » : « à la différence de l’analyse thérapeutique, qui s’efforce de maîtriser le transfert et en fait un élément d’équilibre relationnel entre le psychanalyste et son patient par le jeu du contre transfert, la secte majore les effets pervers du transfert et pousse les identifications jusqu’à la caricature, entraînant de ce fait des phénomènes de dépendances et des peurs de rupture. Le gourou n’est plus seulement le substitut du père, il devient le père. »

Bio énergie, analyse bio énergétique

Méthode créée par Alexander Lowen, qui s’est inspiré de Wilhelm Reich (voir à ce mot). Selon Lowen, il existe dans le corps une énergie fondamentale se manifestant sous forme de phénomènes psychiques et somatiques: la bio énergie. Certains exercices consistent à frapper du poing du pied sur le divan tout en hurlant. On se rapproche là du cri primal de Janov. Plus récemment Lowen a ajouté à son équation corps/psychisme la notion de spiritualité qui constitue une porte ouverte aux sectes.

Biofeedback

Dans les années 60 aux USA, un courant mystique puissant, le New age, se lance à fond dans le yoga, la méditation et les techniques de relaxation. Des mouvements, tels que la Méditation Transcendantale (répertoriée comme secte par nos parlementaires en 1995), mêlaient des croyances spirituelles à des techniques psychologiques et proposaient avec grand succès (des vedettes du show biz s’y étant convertis) des méthodes permettant de modifier la fréquence de certaines ondes cérébrales.

Parallèlement, certains chercheurs vont créer des appareils mesurant, par amplification, l’activité et électrique des muscles et du cerveau (ondes alpha) encourageant au travail intérieur sur soi : un dispositif électronique transforme en signal (sonore et visuel) un paramètre physiologique (tension artérielle, électromyogramme, résistance cutanée, température cutanée, etc.…). A partir de cette information, le sujet va tenter de modifier son état physiologique, et recevra une information sur sa réussite ou son échec, proportionnelle au résultat. C’est un « conditionnement opérant » du système nerveux autonome et neuromusculaire.

Biorythmes

Selon ce concept, nous serions régis par trois cycles de vingt-trois jours: physique, émotif et intellectuel. Lorsqu’on en connaît bien le processus on peut les exploiter pour mieux apprendre et mieux récupérer (après une opération chirurgicale par exemple). Cependant certains poussent la méthode à l’excès et en arrivent à un système quasi divinatoire où l’heure et la date de naissance des pratiquants détermineront les choix et les décisions qu’ils devront prendre dans leur vie et à quel moment. Pour l’instant les biorythmes ne prévoient pas encore l’avenir…

Channeling, nouvelle version du spiritisme

C’est un retour du bon vieux spiritisme remis au goût du jour par un vocabulaire moderne et accrocheur. Il s’agit d’établir la communication avec l’au-delà (les défunts, les anges, les extraterrestres, des entités…). Durant une phase de transe le channel-médium semble abandonner son corps à un esprit qui s’exprime par sa bouche. L’un des plus connus de ces channels était Edgard Cayce. D’autres ont aussi exploité le système, tels que les groupes deMaguy Lebrun (son organisation A.P.R.E.S. est citée comme secte dans le rapport parlementaire de 1995). Mais où est la thérapie ? En fait, les thérapeutes sont les entités ou esprits qui, par la bouche du channel, prescrivent le traitement ou les règles d’apaisement psychologique à suivre.

Chirologie

Où l’on brosse le profil psychologique de l’individu en lisant les lignes de sa main.

Glaudienne (catharsis…)

Voici une psychothérapie, inventée par Albert Glaude, proposant de « réactiver les occultations responsables du mal être…utilisant un tunnel symbolique… » , mais en fait, la méthode aboutit très fréquemment à des faux souvenirs induits (FMS) diagnostiquant régulièrement et sans discernement des viols ou d’agressions sexuelles parentales dans les premiers mois ou les premières années suivant la naissance, à l’origine du mal être psychologique. (voir bulletin n°56 du GEMPPI)

Le lying et les vies antérieures

Une méthode plus spirituelle que psychologique. Elle est utilisée par de nombreuses sectes, telles que la Scientologie, s’inspirant des religions d’extrême orient, On y fait des régressions dans le passé des vies antérieures. Ces soi-disant vies antérieures sont particulièrement propices pour inculquer des faux souvenirs et ainsi, donner des directives thérapeutiques ou de vie.

Métamorphiques (techniques…)

Techniques proches de la réflexologie et inventées par Robert Saint John, qui s’est inspiré de croyances, de philosophie et de médecine chinoises. Beaucoup de thérapeutes et guérisseurs sont sur ce créneau consistant à œuvrer sur  « la force de vie » ou sur les « énergies ».

P. R. H. Personnalité et relations humaines

Une méthode psy utilisée dans certains groupes charismatiques catholiques. Un mauvais ménage de religion et de psychologie (voir bibliographie: Les naufragés de l’esprit).

Psycho généalogie et méthode Hamer. Voir plus haut, au chapitre « Quelques exemples concrets pour illustrer nos propos »

Reich Wilhelm – Thérapie Reichienne

Thérapie fondée par Wilhelm Reich, dissident de Freud. Reich a fait de l’orgasme sexuel le prototype du fonctionnement de l’organisme, qui va de la tension à la relaxation, de la charge à la décharge d’énergie bioélectrique, à laquelle il donne le nom de d’orgone. Cette orgone serait aussi bien présente dans l’organisme, dans les plantes, que dans l’atmosphère (on imagine l’intérêt de cette théorie pour les psycho sectes prônant des croyances panthéistes et tantriques). Tout trouble psychosomatique proviendrait d’un dysfonctionnement orgastique. L’instauration de la pleine puissance orgastique peut donc entraîner la guérison des déséquilibres psychiques. Pour Reich, c’est une répression sexuelle (sociale, morale, éducation) qui est à l’origine du dysfonctionnement orgastique. La prévention des névroses passe donc par une révolution sexuelle, culturelle et politique. Cette répression sexuelle provoque non seulement une cuirasse caractérielle mais aussi la création d’une cuirasse de tensions musculaires. Cette cuirasse, cette rigidité musculaire contient toute l’histoire et la signification de l’origine de chacun. Il faut donc rétablir le réflexe orgastique en repérant d’abord les sept zones d’inhibition (coïncidant avec les 7 chakras du yoga) corporelle afin de permettre à l’orgone, l’énergie orgastique, de circuler correctement. Des massages sont effectués, accompagnés d’exercices de respiration. En dernière phase, Reich avait tenté d’agir directement sur la concentration d’énergie dans le corps en recourant à des accumulateurs d’orgone chargés de capter et d’emmagasiner l’orgone atmosphérique (l’énergie vitale ou sexuelle atmosphérique). Ses accumulateurs étaient des boîtes composées de couches alternées de métal et de matériaux organiques. Pour guérir le cancer et attirer cette mystérieuse Orgone, il fit des expérimentations sur l’irradiation nucléaire qui provoquèrent sur lui et ses collaborateurs de sérieux malaises. La science n’a évidemment pas homologué l’existence d’une quelconque Orgone. Cependant Reich aura inspiré un grand nombre de créateurs de psychothérapies. Les sectes d’inspiration tantrique devraient trouver chez Reich des justifications à leurs pratiques. Nous constatons une parenté de cette doctrine psy notamment avec la kinésiologie très en vogue actuellement.

Rolfing

Un produit des années soixante-dix californiennes, créé par Ida Rolf, laquelle prétendait modifier la structure corporelle de l’individu par des massages profonds et ceci afin de  « l’harmoniser avec le champ de gravitation de la terre. » – Nombre de sectes guérisseuses se sont emparées de ce genre de concept d’harmonisation car on ne peut rien y vérifier (IVI, ETC…)

Scientologie ou Dianétique

Mouvement désigné comme secte dans tous les rapports parlementaires. Son fondateur, L. Ron Hubbart a été condamné pour escroquerie en France en 1983. La Scientologie se présente comme la psychothérapie absolue. Il s’agit de faire revivre les souvenirs de traumatismes pour les évacuer. Quand le client est prêt, il est amené à se remémorer les souvenirs traumatiques de ses vies antérieures. Après toute une vie consacrée à cela et des milliers d’euros de formation et d’audition (sorte de confession parfois assistée d’une espèce de détecteur de mensonge), il pourra éventuellement accéder au grand secret de l’humanité, dont voici le résumé : il y a des millions d’années le méchant Xénu, dictateur d’une confédération galactique, a regroupé tous les dissidents à son régime dans des volcans de la terre et les a occis à coup de bombes atomiques. Les esprits désincarnés de ces dissidents, les Thétans, nous possèdent comme des démons. Il s’agit donc de les apprivoiser au moyen de la Dianétique ou de la Scientologie. C’est en fait une sorte de rituel permanent d’exorcisme des thétans dont nous sommes possédés. Ron Hubbard était aussi auteur de science fiction, ce qui explique bien des choses.

Transpersonnelle (psychologie…)

Elle permettrait de lancer un pont entre toutes les disciplines concernant l’humain : le corps, l’esprit, la conscience et éventuellement l’âme. En général, il s’agit d’exploiter, d’interpréter des états ou faits mystiques. Pendant les sixties les adeptes de drogues hallucinogènes et Carl Gustave Jung auraient été de cette lignée. Par contre, Freud définissait ces états « d’expériences océaniques », c’est à dire de « régressions à l’état de foetus dans le ventre de sa mère ». Ce sont des pratiques proches de celles pratiquées dans le Raja yoga Brahmâ Kumari, autre secte répertoriée par les parlementaires en 1995.

Tunnel (thérapies du…)

Voir ci-dessus à Catharsis Glaudienne. Pour information, lire aussi « La thérapie par le tunnel » – Jean Côté, Edit. Carte Blanche 1997 – Québec. « Traverser le tunnel, c’est avoir accès à des informations, des expériences passées, dissimulées, oubliées, occultées dans la nuit de ma petite enfance, qui ont une influence déterminante sur ma vie actuelle ». Cette méthode qui s’inspire du « Rêve éveillé » se prête très bien à l’induction de faux souvenirs (FMS) et à la manipulation mentale, tout dépend du thérapeute.

Voyage astral, sortie du corps

Ce sont des techniques beaucoup plus spirituelles que psychologiques utilisées par de nombreux mouvements répertoriés comme sectes (les adeptes de Samaël Aun Wéor, par exemple). Ces thérapeutes singent, en les caricaturant, des croyances hindouistes consistant à faire voyager l’esprit ou le corps astral hors du corps physique. C’était ce que certains adeptes du nouvel âge croyaient expérimenter au travers de drogues psychédéliques (LSD, champignons hallucinogènes) en vogue dans les années 70 aux USA. Les plantes hallucinogènes d’Amérique du sud reviennent à la mode dans certaines sectes actuellement et qui prétendent, au travers de ces drogues (un peu comme les adeptes du rastafarisme), avoir une pratique initiatique de type chamanique. Les chamans-thérapeutes ou psychothérapeutes abondent aujourd’hui sur le marché de la psycho spiritualité. On s’y inspire aussi bien des indiens d’Amérique que des lamas tibétains. Mais certains ayant tenté l’expérience du voyage astral ont eu la douloureuse surprise de ne pas récupérer tout leur esprit et sont restés en perdition dans le monde éthérique (l’hôpital psychiatrique par exemple). Il y a une certaine parenté de ces méthodes avec les techniques de rêve éveillé-dirigé, thérapies travaillant à partir de l’imaginaire du patient.

e) Quelles sont les dérives possibles et leurs dangers ?

Chaque technique comporte des dérives bien particulières, pas tant par le modèle adopté que par l’incompétence, le non respect déontologique ou le manque d’éthique de celui qui les pratique.

Mais, pour nous, la dérive essentielle réside dans l’utilisation qui est faite du transfert et de son corollaire le contre-transfert.

Un rappel : le transfert désigne, en psychanalyse, le processus par lequel les désirs inconscients s’actualisent sur certains objets dans le cadre d’un certain type de relation établis avec eux et surtout dans le cadre de la relation interpersonnelle thérapeutique. Il s’agit là d’une répétition de prototypes infantiles vécue avec un sentiment d’actualité marqué. Ainsi défini, on comprend son utilisation, par le psychothérapeute, dans la démarche relationnelle qu’est toute psychothérapie; et même tout simplement dans n’importe quelle relation.

Autre rappel : à ce transfert, inhérent à toute démarche relationnelle, un thérapeute compétent et éthique, doit réagir par un contre-transfert, c’est à dire comprendre, analyser ce que signifie, pour lui et pour le sujet, ce message transférentiel, et l’utiliser dans la thérapie. On est en fait bien loin de ce stade primaire de l’écoute ou du miroir auxquels certains psychothérapeutes mal ou peu formés accordent une vertu thérapeutique.

Mais aussi, on comprend à quelles dérives on s’expose:

Quand un psychothérapeute incompétent ne comprend pas les données fournies par le transfert et utilise mal – ou n’utilise pas vraiment – le contre-transfert; quand un psychothérapeute utilise le transfert de son patient à des fins non thérapeutiques ( avantages financiers, gratification de son propre ego sur le plan psychologique et/ou sexuel); quand un pseudo thérapeute utilise le transfert – et le favorise – pour manipuler un ou une patiente fragilisés en vue de les orienter vers une secte ou un groupuscule pseudo thérapeutique.

f) Peut-on y remédier et comment ?

Comment baliser la route pour éviter les dérives favorisant les emprises sectaires sans utiliser un inacceptable autoritarisme contraire à la démarche psychothérapeutique ?

Il existe déjà quelques propositions tout à fait honorables mais qui, selon nous, ne tiennent pas assez compte des inconvénients d’encadrer ce type d’activités par des diplômes ou des lois. En voici quelques exemples :

1 Rapport à l’Académie de Médecine à la séance du 1° Juillet 2003. Plutôt corporatiste à notre sens.

2 Les propositions de l’ouvrage de Martine MAURER, se reporter à la bibliographie ci-dessous.

3 Analyse des projets européens de définition du titre de psychothérapeute.

Mise en place d’un diplôme européen. Ceci nous paraît dangereux. Qui va procéder à l’homologation des psychothérapies dont certaines relèvent de croyances superstitieuses ? (Scientologie ou Dianétique, voyage astral désigné sous différentes appellations, régression dans les vies antérieures pour régler des problèmes du présent ou Lying, Faux souvenirs induits ou False Memory Syndrom, Catharsis Glaudienne, Psycho généalogie, Rebirth, Méthode Silva, EMF Balancing, Landmark…).Comment attribuer un tel diplôme ? Le risque de cautionner ainsi des psychothérapies douteuses ou farfelues et parfois dangereuses est patent. Thèse d’Isabelle Robard (voir bibliographie ci-dessous)

4 Amendement ACCOYER.

Ce projet de Loi de Santé Publique soumis au Parlement proposait en 2003 a en définitive, après de vives réactions des psychothérapeutes, été modifié le 19 janvier 2004 comme suit :

« L’usage du titre de psychothérapeute est réservé aux professionnels inscrits au registre national des  psychothérapeutes. L’inscription est enregistrée sur une liste dressée par le représentant de l’Etat dans le département de leur résidence professionnelle. Sont dispensés de l’inscription les titulaires d’un diplôme de docteur en médecine, les psychologues titulaires d’un diplôme d’Etat et les psychanalystes régulièrement enregistrés dans les annuaires de leurs associations. »

Cet amendement ACCOYER, a suscité des réactions extrêmement violentes, de la part de nombreuses associations plus ou moins représentatives du monde de la psychothérapie.

Nous n’avons aucunement l’intention de nous inscrire, sauf en tant que citoyens, dans ce débat d’accusations multiples et d’amalgames, qui concerne les professionnels, les patients et les politiques législateurs. Par contre, notre seul objectif, fidèles à notre mission, est de protéger les personnes d’emprises sectaires par dérive psychothérapique. Ce qui nous amène à formuler des propositions.

On peut, légitimement, se demander si le titre de docteur en médecine ou de psychologue diplômé suffit pour pratiquer avec compétence les psychothérapies ? D’autre part, ce projet ne résout pas le problème de ceux qui exerceront des activités psychothérapeutiques sous une autre appellation (Psychotonicien, psycho énergéticien, dianéticien…). Dans ce cas, y aura t-il une commission d’experts chargée de statuer sur un exercice illégal de la psychothérapie ? Y aura t-il une loi pour sanctionner de tels agissements ?

Nos propositions pour remédier à ces dérives

  • Créer un enregistrement des psychothérapeutes
    où les psychothérapeutes pourront s’inscrire volontairement, y compris ceux qui exercent les professions de médecin ou de psychologue. Ils devront fournir un CV (indiquant notamment leurs formations, stages, méthodes thérapeutiques qu’ils envisagent de mettre en oeuvre, moyens utilisés, objectifs, etc…), répondre à un questionnaire spécifique et signer une charte où ils s’engagent à respecter une déontologie (dont le contenu est à spécifier et se rapprocherait d’une certaine manière du code de déontologie des médecins).
  • La liste des signataires sera tenue à disposition du public par les services préfectoraux
    (Internet, registre).
    Le signataire bénéficiera ainsi d’un certain crédit de transparence, d’autant plus que s’il vient à manquer à ses engagements, il sera radié. L’usager pourra alors s’assurer que le psychothérapeute qu’il aura choisi est bien enregistré.
  • Une commission pluridisciplinaires
    (cadres d’associations de prévention contre les sectes ou les manipulations mentales, juristes, syndicats, fonctionnaires de la DDASS et du Ministère de la santé, et pour un tiers des médecins et psychothérapeutes signataires, pour éviter les effets de corporatisme) se réunira pour étudier les cas des psychothérapeutes signataires ayant enfreint les articles de la charte et leurs engagements, et dont les agissements ont été signalés.

Ces propositions ne sont encore qu’à l’état d’ébauche, elles doivent être approfondies, travaillées, précisées, testées et soumises à un comité d’experts de plusieurs disciplines. Elles ont l’avantage d’éviter de cautionner par un diplôme officiel des disciplines difficiles à cerner ou impossibles à homologuer scientifiquement et donnant souvent lieu à de l’entrisme sectaire. Il a aussi l’intérêt de ne pas laisser se dégrader la situation que nous avons décrite plus haut par l’inaction.

C’est pourquoi nous avions, par ailleurs, de la sympathie pour la philosophie du projet de loi initial proposé par M. Accoyer tendant à ne pas autoriser d’exercer une action à visée thérapeutique et, a fortiori, psychothérapeutique, en dehors de l’appartenance démontrable à une structure d’enseignement, d’échange et contrôlée par une instance soumise à l’autorité publique elle-même dépendante d’un pouvoir démocratique. Nous rappellerons en cela que pour nous, seule la démocratie confère une légitimité acceptable dans un État moderne.

Marseille, 27/28 mars 2004

Quelques organismes spécialisés utiles

CIPPAD. Centre d’information et de prévention sur les psychothérapies abusives déviantes. Groupe Million – 6, rue de la Roirie 49500 Segré – France. Tel. 02 41 61 38 52 – cippad@unimedia.fr

ANCAS CPPS. Association nationale contre les abus sexuels commis par les professionnels de la santé (Paris) : http://perso.wanadoo.fr/ancas.cpps/

Psychothérapie Vigilance. BP 2 bis 65290 Juillan – France. Tel/fax : 05 62 32 03 70. Site : www.PsyVig.com Psychotherapie.Vigilance@wanadoo.fr

AVPIM, Association des victimes de pratiques illégales de la médecine. 49-24 av. de Botendael 1180 Bruxelles Belgique – Tel. (xx) 32 2 343 81 78

France-FMS (False Memory Syndrom). Site : http://www.francefms.com – Claude.amblard@caramail.com

AFIS. Association française pour l’information scientifique. Site: http://www.spafis.org

Commission « Santé, éthique, idéologies » de l’Espace Ethique Méditerranéen (www.medethique.com) C/o GEMPPI BP 95 13192 Marseille Cedex 20 – France. Tel/fax : 04 91 08 72 22. gemppi@wanadoo.fr

CCMM- Centre de documentation, d’éducation et d’action Contre les Manipulations Mentales

3, rue Lespagnol 75020 Paris. Tel. 01 44 64 02 40

UNADFI 130, rue de Clignancourt 75018 Paris – Tel. 01 44 92 35 92 – http://www.unadfi.org

Bibliographie sommaire

– Comment choisir son psychothérapeute : attention risques de pratiques déviantes. Martine Maurer. Editions hommes et perspectives 2001, Martin Media 12, rue Raymond Poincaré 55800 Revigny-sur-O

– Les pseudo médecines – un serment d’hypocrites. Jean Brissonnet. E.Book 2003. Pour plus de renseignements vous pouvez consulter le site http://www.pseudo-médecines.org ou le site de l’éditeur http://www.book-e-book.com.

– Mon voyage avec la vierge dans l’apocalypse. Anne Edelstam (sociologue). Un témoignage de manipulation mentale au travers de la secte de Maud Pison, l’Institut de recherche psychanalytique.

Ouvrage disponible aux éditions PubliBook (2001). Pour se le procurer commander à PubliBook.com Républic Alley 18, rue du Faubourg du Temple 75011 Paris, ou sur Internet : http://www.publibook.com , ou par téléphone : 01 47 00 05 07

– Syndrome des faux souvenirs, le mythe des souvenirs retrouvés. Elisabeth Loftus, Katherine ketcham – Editions Exergue 1997. (The myth of repressed memory – 1994)

– Les sectes à l’assaut de la santé. Paul Ariès – Golias 1999

– Guide des techniques du mieux-être ; M.Borrel, R.Mary – Presse Pocket 1993

– Le new age, son histoire, ses pratiques, ses arnaques. Renaud Marhic. Le Castor Astral 1999

– Les sectes dans l’entreprise. Thomas Lardeur. Éditions d’organisation 1999

– La mécanique des sectes. Jean-Marie Abgrall. Paillot 1996. Paris

– Les charlatans de la santé. Jean-Marie Abgrall – Payot 1998.

– Les psychothérapies, dictionnaire critique. Nathalie Sinelnikoff. ESF éditeur 1998 – Paris.

– Le guide pratique des nouvelles thérapies. Edmond Marc. Retz 1995

– Les naufragés de l’esprit. Thierry Baffoy, Antoine Delestre, Jean Paul Sauzet – Seuil 1996.

– Découvertes sur les sectes et religions (bulletin du GEMPPI : gemppi@wanadoo.fr), n° 31 (Landmark Education), n° 33 (psychothérapie ou secte ?), n° 43(le Reiki), n° 49(méthode Hamer et psycho généalogie), n° 54(kryeon), n° 56 (FMS-Faux souvenirs induits)…

– Scientologie : vol au dessus d’un nid de gourous. José Lenzini. Ed. Plein Sud 1996.

– La soumission librement consentie. Robert-Vincent Joule, Jean-Léon Beauvois – PUF 1998

– Science et pseudo-sciences. Revue de l’AFIS (voir coordonnées ci-dessus)

– Sortir d’une secte. Tobie Nathan, Jean-Luc Swertvaegher. Seuil 2003.

– Droit et psychiatrie. S. Tribolet, G.Desous. Ed. Heures de France 1995

– Les sectes : état d’urgence. CCMM Centre Roger Ikor. Albin Michel 1995

 La biologie de Dieu, comment les sciences du cerveau expliquent la religion et la foi. Ed. Noémis 2003.