Martinovich

Vladimir A. Martinovich

Sectes et nouveaux mouvements religieux en Biélorussie

 

Sectes et politique en Biélorussie

 

Les sectes et nouveaux mouvements religieux (NMR) étant à la fois les sujets et les objets d’activités politiques, le thème « Sectes et Politique » sera abordé aux deux niveaux les plus importants du problème, à savoir :

  1. a) L’infiltration omniprésente des sectes au cœur du domaine politique,
  2. b) Leur influence sur la vie politique, sur la société et leurs tentatives d’influence sur la législation pouvant avoir un effet sur leurs activités.

L’exploitation des sectes par les politiciens :

 

Dans cet exposé, ont tentera d’expliquer le sujet « sectes et politique », en se basant sur l’exemple de l’histoire des sectes dans le monde moderne et à travers l’analyse de la situation dans ce domaine en Biélorussie. Il sera établi une méthodologie d’investigation sur le degré de l’influence politique de certaines sectes dans un pays donné.

 

L’implication des sectes dans la politique :

Comme la majorité des sectes et groupes religieux n’intervient pas en politique, nous tenterons d’analyser la raison pour laquelle une minorité d’entre elles s’investit effectivement dans la vie politique. Tel sera le but de cette recherche. L’étude de l’histoire des sectes nous montrera les facteurs qui induisent les NMR à entreprendre une activité politique.

C’est généralement l’observation de la vie politique du pays qui suscite l’intérêt pour la politique. Petit à petit, la secte commence à développer une critique de la société, basée sur ses vues doctrinales. À ce stade, cependant, la secte ne tente pas encore d’obtenir d’influence politique et n’a pas développé de stratégie politique cohérente. Dans la plupart des cas, les sectes plus réduites font activement l’éloge des régimes politiques existants, dans l’espoir de développer leur influence. C’est ainsi qu’en 1994, les « astrologues » et en 2001 les « païens » ont vu d’un œil favorable l’élection du président de Biélorussie et ont prophétisé qu’il mettrait en place une administration favorable et efficace.[1] Les païens ont réservé un bon accueil aux résultats du référendum en 1994.[2]

De nombreuses sectes réagissent aux divers changements du contexte politique et essaient d’influencer les tendances depuis une perspective spirituelle. L’influence spirituelle leur est plus propice qu’une implication dans les relations d’une activité politique normale. Le genre d’« influence spirituelle » la plus courante est exprimée par une série de prières et actes rituels. Les « marches de prière » sont un exemple significatif d’« influence spirituelle » de la situation politique en Biélorussie ; ces marches étaient effectuées par les pentecôtistes autour des bâtiments de l’administration du président biélorusse. Elles ont été menées en privé, afin que personne ne soit au courent qu’elles avaient lieu.[3] Bien entendu, ces tentatives d’influence du processus politique à un niveau purement spirituel n’ont eu aucune conséquence sur la situation politique réelle du pays.

La politisation interne des sectes réside dans le développement d’une théologie politique qui nécessite la participation directe des membres de la secte dans la vie politique d’un ou de plusieurs pays du monde à travers leurs actions ; celles-ci ont pour but de concrétiser ces enseignements dans la pratique. Il est important de préciser que dans l’écrasante majorité des cas, les sectes qui ont développé une théologie politique n’ont pas réussi à la mettre en pratique.

Ceci est dû principalement au fait que la plupart d’entre elles n’ont pas de perspectives réelles de succès dans ce domaine. L’élaboration de la théorie politico-religieuse et de sa concrétisation dans la vie dépend de l’épanouissement du développement de la secte et de sa capacité à atteindre une certaine ampleur. Son succès politique sera déterminé par sa dimension, en termes de nombre de membres. Cependant, ces seuls facteurs ne sont pas nécessairement suffisants pour garantir un succès politique. Toutes les sectes n’ont pas comme objectif la prise de pouvoir. La présence ou l’absence d’une théologie politique ne sont pas les facteurs les plus importants pour le développement d’une secte ; les préférences de ses fondateurs et de ses leaders sont bien plus importantes.

Il n’est possible d’évaluer ni positivement, ni négativement les efforts déployés par les NMR et motivés par la religion pour participer à la vie politique. Les revendications politiques des organisations ne représentent généralement pas un danger en soi pour l’état ou pour la société, mais peuvent, au contraire, les renforcer. La secte italienne Damanhur et son parti politique « Avec vous, pour le pays » en est un exemple classique.

Dans certains cas, la réalisation des pratiques politico-religieuses des sectes peut être avantageuse pour l’état. Ainsi, les efforts du fondateur de la secte américaine « Le mouvement des missions dans le monde », dont le but était de diffuser la langue anglaise et la constitution des États-Unis [4] dans le monde entier, ont été bénéfiques au gouvernement américain. Il en va de même pour l’appel, destiné à tous les autres mouvements religieux, lancé par les sectes « Union Spirituelle de Tolstoï », « Malevantschy » et « Anti-alcooliques », afin de ne pas aider les révolutionnaires, appel qui a été avantageux pour le régime du Tsar.[5] Quoi qu’il en soit, la bataille systématique du « Mouvement d’Unification » contre le communisme a été bien accueilli en Corée du sud et aux États-Unis.

Dans toute l’histoire des sectes, le projet politique le plus abouti est probablement le parti japonais « Komejto ». Ce parti a été fondé par la secte « Soka Gakkai ». L’histoire de « Komejto », qui a été longtemps au Japon l’un des trois partis les plus influents, est très instructive. Elle montre que plus une secte prend des mesures avec sérieux et professionnalisme pour influencer la situation politique dans un pays, plus elle se modifiera sous l’influence de la politique.[6] Ceci prouve en outre que les partis politiques créés par les sectes doivent garder leurs distances des doctrines, de la rhétorique religieuse et des idéaux de « leurs » sectes, s’ils souhaitent atteindre une position influente dans le cadre du système politique de n’importe quel pays du monde. Les règles et les normes de la vie politique sont le filtre qui n’admet pas l’entrée au pouvoir d’un parti politique n’ayant que des idées sectaires.

L’histoire des sectes regorge de nombreux exemples de partis purement politiques qui ont adopté des doctrines sectaires et ont tenté par là de renverser complètement l’ordre public en place. On peut citer quelques exemples russes de tels groupes : le « Parti de l’Unité Ariane », le « Mouvement de Libération Nationale Russe », « Unité »[7]; quelques exemples biélorusses sont l’ « Union Chrétienne Biélorusse », le « Parti Humanitaires Biélorusse », etc.[8] Aucune de ses sectes n’a obtenu de soutien de personnalités méritant d’être cité.

On peut donc plus clairement et plus précisément définir le problème qui surgit au niveau de la politisation interne des NMR. Lorsque les sectes n’ont pas la possibilité d’obtenir le pouvoir au niveau de tous les partis politiques, elles poussent assez souvent au pouvoir des représentants individuels ou corrompent certains politiciens et fonctionnaires. Toutefois, si le parti politique d’une secte est devenu puissant, comme c’est le cas par exemple pour le « Komejto », et est impliqué dans des projets d’amélioration de la qualité de vie de la population d’un pays entier, les intérêts de la secte seront promus universellement par les hommes politiques individuels et les fonctionnaires à un niveau politique.

Une bonne illustration de ce contexte est l’introduction réussie des pentecôtistes au parlement brésilien. Au vu de l’étroite coopération existant entre l’église catholique et l’état, les pentecôtistes brésiliens ont basé leur lutte sur la nécessité d’empêcher que la liberté de conscience et la confession ne soient mises en danger. Sous le slogan “exposition de la liberté de la religion”, les pentecôtistes de Brasilia ont mené une bataille contre le catholicisme afin d’obtenir un statut et des privilèges équivalents à ceux des catholiques. Lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir, ils ont agi à leur propre avantage :

« La préparation de la nouvelle constitution fait faire de bonnes affaires à de nombreux évangélistes : ils négocient leurs votes en échange d’avantages pour leurs églises et souvent pour eux-mêmes… La liste des récompenses inclut une chaîne de télévision, au moins une demi-douzaine de stations de radio, des postes importants au gouvernement, des bénéfices en tous genres et, surtout, beaucoup d’argent… »[9]

Une telle situation se produit dans tous les pays où les sectes ont permis à certains de leurs adhérents d’accéder au pouvoir. On ignore quelles auraient été les conséquences d’une élection réussie du pasteur Pat Robertson, lorsqu’il s’est présenté comme candidat à la présidence pendant les élections américaines en 1988. Il était connu pour ses appels au meurtre d’Hugo Chávez, le président vénézuélien, au cours d’une émission en direct en 2005. Il est également difficile d’imaginer les conséquences de l’élection du Mormon Mitt Romney, qui était candidat à l’élection présidentielle aux États-Unis en 2008.

On trouve également certains exemples dans l’histoire de la Biélorussie, de fonctionnaires et politiciens de divers niveaux de pouvoir, qui ont soutenu activement les intérêts des sectes. Par exemple, un ancien président du comité exécutif de la ville de Wysokoe était un pasteur pentecôtiste qui profitait de sa position pour prendre des décisions relatives à la résolution des problèmes de la municipalité. [10] Régulièrement, les pentecôtistes de Biélorussie se présentent comme candidats pour l’assemblée nationale.[11]

Les NMR tentent également de participer à la vie politique en essayant d’influencer l’opinion publique quant aux modifications importantes des relations église-état dans le pays ou à d’autres objectifs et fonctions politiques. Dans de tels cas, il faut distinguer le simple désir de constituer une opinion favorable et les vastes actions idéologiques des sectes, planifiées depuis longtemps, dont les objectifs et les fonctions sont très clairs. En Biélorussie, la plus vaste action de ce genre a été organisée par les pentecôtistes, les baptistes et autres sectes chrétiennes. En 2003, ceux-ci se sont basés sur le 450ème anniversaire de la première église luthérienne sur le territoire biélorusse, et se sont autoproclamés les héritiers directs des protestants biélorusses du 16ème siècle. Dans ces circonstances, ils ont soulevé la question de la tradition pentecôtiste et des autres sectes chrétiennes et ont commencé à développer le concept de l’ « Âge d’Or de la Biélorussie », à savoir l’époque où l’économie et la politique étaient florissantes et où les protestants étaient l’organisation religieuse dominante. D’après ce concept, si l’état reconnaissait les pentecôtistes comme les « héritiers » du protestantisme du 16ème siècle, une nouvelle renaissance à la fois politique et économique de la Biélorussie aurait lieu. Pour maintenir et développer cette idée, ils ont commencé à organiser des assemblées publiques de masse, à éditer des livres et à publier des brochures et des séries d’articles dans des médias religieux et laïques.

Lorsque les NMR n’arrivent pas à obtenir le pouvoir de manière légale, ils entreprennent des actions illégales et entament des protestations politiques. Voilà comment la secte « Aum Shinrikyo », bien avant l’attaque au gaz du métro de Tokyo, avait mis sur pied un parti politique, « Le Parti de la Vérité », qui faisait de la propagande en se conformant aux règles de la législation japonaise et nommait ses propres représentants candidats au parlement. Cependant, elle n’a reçu aucun soutien mémorable de la part du public.[12]

Lorsque la situation politique d’un pays est instable et difficile, le processus de politisation interne des sectes s’accélère très rapidement. Le mécontentement général face à la situation politique du pays ou face à la situation de quelques communautés peut mener à des formes de protestation mixtes, à la fois politiques et religieuses. La majeure partie de ces protestations peut, selon les caractéristiques de leur structure et de leur contenu, être liée aux sectes et organisations religieuses. C’est au travers d’ordres émanant d’une instance supérieure, ou de leurs fondateurs, qui justifient une guerre sainte pour atteindre une stabilité politique et une prospérité sociale, que se justifie l’activité politique des sectes. Les prédicateurs religieux exploitent des éléments de propagande politique. De nombreux partisans entourent ce genre de prophètes. La forme religieuse de la protestation contre l’injustice sociale et l’instabilité politique accroît largement le pouvoir et la portée des mouvements de protestation. Le plus grand nombre de mouvements religieux et sectaires au caractère révolutionnaire a probablement émergé en Afrique au cours des XIXe-XXe [13] siècles. On peut les comparer à l’activité politique des partisans de Cao Dai au Vietnam [14], des anabaptistes en Allemagne, [15] de nombreux mouvements sectaires des peaux-rouges d’Amérique du XVIIIe-XIXe [16] siècles, et bien entendu, au spectre complet des mouvements sectaires des noirs américains des XVIIIe-XXe [17] siècles. Les mouvements sectaires chinois occupent une place particulière dans cette liste, car ils ont une longue histoire d’opposition politique contre l’autorité étatique.[18]

 

L’exploitation des sectes par les politiciens :

Les sectes elles-mêmes ne sont pas toujours à l’origine de leur participation à la vie politique et celle-ci n’est pas toujours accompagnée de la politisation d’une doctrine religieuse. L’exploitation des sectes de la part de certains politiciens, des autorités de l’administration d’état, et des services de sécurité étatiques est un facteur important pour leur politisation. Ainsi, il faut distinguer d’une part, les exemples internationaux de telles applications qui se rapportent à deux pays du monde ou plus et d’autre part, les exemples de politique intérieure au sein d’un seul pays.

L’exploitation des sectes en tant que facteur d’influence de la scène politique internationale peut avoir différents objectifs et fonctions. Ainsi, les sectes ne sont qu’un élément parmi d’autres, et en aucune façon le plus important, ni le plus efficace. Dans le monde moderne, les racines de l’application des NMR en politique internationale sont l’aspiration de vastes organisations et alliances internationales visant à protéger le droit humain de la liberté de culte.

Mais l’histoire de la protection légale dans ce domaine a clairement montré que la protection des droits et des libertés des minorités religieuses a tout d’abord été violée par des organisations religieuses dangereuses, ce qui a donné libre cours à leurs activités ; ensuite, elle a été un prétexte confortable pour la réalisation de moyens de pression politique et économique de certains états contre d’autres.

Dans le premier cas, la secte, dans sa relation avec le monde extérieur, s’empare du discours général courant dans la société civilisée et son soutien général pour tous les droits et libertés de la personnalité, des organisations démocratiques dans la société, de la législation etc. Parallèlement, elle plaide en interne pour toutes les pratiques, doctrines et règles qui contredisent ces principes proclamés. La société et en particulier les organisations de défense des droits de l’homme font confiance à la secte et la protègent de toute « calomnie ».

Dans ce deuxième cas, la « Loi Internationale de la Liberté de Culte », adoptée en 1998 par le congrès américain et la publication annuelle du département d’état américain, ayant trait à la liberté religieuse dans divers pays du monde, ont une influence sur la politisation des problèmes sectaires à une échelle internationale. Les organisations religieuses et de défense des droits de l’homme recueillent du matériel relatif à des cas réels et fictifs de suppression de minorités religieuses pour la préparation de la publication du département d’état américain. Il y a quelques raisons de douter que le destin de ces minorités a un véritable intérêt pour les auteurs de cette publication. Les recherches du pasteur E.P. ont montré que les États-Unis ignorent les lois de certains pays ayant violé la liberté de culte, s’ils ont un quelconque intérêt à maintenir des relations et une coopération économique et politique avec ces pays, comme, par exemple, la possession de points de soutien militaires sur leur territoire.

Ces pays, qui ne prennent pas en compte la violation des droits et libertés qu’ils infligent à leurs minorités, n’ont souvent jamais été mentionnés dans ces publications. De plus, dans un certain nombre de cas où des relations politiques et économiques ont débuté avec des pays qui avaient été précédemment condamnés, les revendications relatives à la violation de la liberté religieuse ont immédiatement disparu, bien qu’il n’y ait eu aucune interruption de ces dernières.[19] En accord avec les résultats des recherches, on peut conclure que les violations des droits des minorités religieuses peuvent être utilisées comme une occasion de pression politique exercée par un pays sur un autre. Mais le véritable problème est bien plus grave. Il réside dans le fait que les sectes sont stimulées afin de maintenir une image prospère : l’idée qu’elles sont persécutées. Les NMR apprécient le fait que leurs partisans fassent l’expérience d’une pression massive de la part de l’extérieur et qu’ils se sentent entourés d’ennemis souhaitant détruire leur organisation. Ceci offre aux NMR la possibilité de contrôler leurs membres, de créer un sentiment d’innocence, ayant un sens et de l’importance pour les activités de l’organisation. Tant que les organisations de défense des droits de l’homme ne seront pas actives dans ce domaine, les NMR ne feront que diffuser le sentiment de persécution au sein de leur structure. Il leur est en effet très avantageux d’affirmer, avec l’aide des mass médias, que tout le monde les persécute. Ils essaient ainsi d’attirer l’attention de diverses organisations et superpuissances internationales du monde entier sur leurs problèmes. Les superpuissances, de leur côté, observent précautionneusement de telles déclarations, avec l’intention de les intégrer à leur stratégie stéréotypée de pouvoir politique dans différents pays du monde. Dans ce cas, les intérêts de la secte coïncident avec les intérêts de quelques superpuissances. Seule la motivation visant à maintenir le concept de « persécution » est différente.

Toute l’histoire de la secte chinoise « Falun Gong » est un excellent exemple illustrant comment les intérêts des États-Unis coïncident avec ceux des NMR. Les problèmes réels et les problèmes inventés de la secte sont exploités et deviennent l’une des raisons d’exercer une pression politique sur la Chine. En particulier dans ce contexte, il faut comprendre le soutien ouvert envers la secte « Falun Gong » de Madeleine Albright au cours de sa visite en Chine et envers l’église de scientologie pendant sa visite en Allemagne.[20]

Les sectes sont exploitées par les différents gouvernements dans le but d’obtenir un service de renseignements, et les exemples de ce type ne manquent pas. On peut par conséquent remplacer l’ancienne question, « les sectes font-elles de l’espionnage? » par celle-ci : “Quelles nouvelles manières tangibles sont aujourd’hui exploitées par les sectes à des fins d’espionnage?” [21] L’évidence de telles questions a poussé des scientifiques de renommée mondiale à en parler ouvertement. Walter Hollenweger, l’un des experts les plus connus du mouvement pentecôtiste, a écrit : « …pendant ce temps, les militaires ont découvert la signification du pentecôtisme et l’ont infiltré dans certains pays du monde, afin de l’utiliser comme outil pour atteindre le cœur des gens. Par exemple, pour que les gens s’ouvrent au mode de vie nord-américain, des personnes bien entraînées sont envoyées dans les églises pentecôtistes où elles se font ‘convertir’ et deviennent pasteurs, en influençant de la sorte tout le mouvement. Ceci est arrivé dans différentes parties du monde, où l’importance stratégique sociale et politique du pentecôtisme a été reconnue… »[22] Les services du renseignement eux-mêmes admettent exploiter les sectes. Ainsi, William Colby, le dixième président de la CIA, avait le droit d’exploiter des missionnaires dans l’intérêt du service secret. [23] Stansfield Turner, le douzième président de la CIA, a déclaré en 1980 : “…il peut y avoir des circonstances uniques, au cours desquelles les hommes d’église sont le « seul recours disponible » pour agir « dans une situation d’extrême urgence et d’importance nationale… ».[24] La possibilité d’exploiter des missionnaires n’a pas non plus été exclue par le dix-septième président de la CIA.[25] Il est également possible d’obtenir des informations au cours des audiences du congrès américains relatives à l’exploitation de l’église de l’unification par la CIA coréenne à des fins d’espionnage aux États-Unis.[26] Il est aussi manifeste qu’un employé de haut niveau de la CIA était en même temps un évêque des Mormons. [27] Cependant, l’exemple le plus intéressant reste la lutte contre l’exploitation des missionnaires par les services du renseignement des deux plus grandes associations ecclésiastiques aux États-Unis, le conseil national des églises du Christ et l’association nationale des évangélistes.[28]

Lors de batailles ayant trait à la politique intérieure, les sectes et mouvements religieux tentent souvent d’utiliser des pouvoirs d’opposition. Ainsi, les composantes religieuse et politique ne se mélangent en aucune façon. Le projet le plus vaste d’utilisation des sectes pour des luttes de politique intérieure a été peut-être leur implication dans la préparation de la révolution d’octobre de 1917 et la conséquente régulation de leur activité pour le renforcement du pouvoir soviétique, qui a perduré jusqu’en 1928.[29]

Grâce au travail et aux propositions de développement scientifique de Bontsch-Brujewitsch, les révolutionnaires ont utilisé, de manière artificielle, la désillusion des sectes à l’égard du tsarisme, de la persécution des minorités religieuses et de l’église dominante pour les besoins de la révolution. Il est remarquable qu’ils y soient parvenus avec des sectes de différentes orientations.

On peut se pencher avec le même intérêt sur une tentative similaire, qui consistait à exploiter en même temps plusieurs sectes chrétiennes pour une lutte de politique interne dans la Biélorussie moderne. À la fin des années 90, l’un des activistes de l’opposition, Pawel Severinets, a utilisé la chrétienté comme base de son concept d’idéologie nationale. À la fin de l’année 1999, il a fondé l’association « L’Initiative Chrétienne » et a cherché à obtenir le soutien d’organisations chrétiennes pour le parti BNF (Belaruski Narodny Front/ Front populaire biélorusse) et des fonctionnaires de l’organisation « Malady Front » (Front jeune), dont il était lui-même le leader.[30] Malgré la tentative d’obtention de soutien de la part de toutes les plus grandes églises du pays, « L’Initiative Chrétienne » n’a reçu de soutien réel que de certains représentants de sectes chrétiennes, en particulier des pentecôtistes. Un an avant l’élection présidentielle, l’idée suivante a commencé à faire son apparition dans certains quotidiens du pays : « … Les représentants des minorités religieuses dans notre pays sont en proie à d’énormes difficultés. Elles sont plus nombreuses, elles sont l’une des réserves inutilisées de l’opposition, parce qu’elles sont profondément et très consciemment intéressées au développement de la démocratie … ». [31] Les représentants de l’opposition biélorusse, cependant, ne se sont pas précipités pour compter sur une coopération avec les pentecôtistes dans cette guerre politique. Il y a toute une série de raisons idéologiques à cela, outre le fait que les dirigeants de l’opposition n’ont vu aucun véritable intérêt à une telle coopération. De plus, les pentecôtistes n’ont montré aucun soutien ouvert pour une lutte externe à la constitution en vigueur. Ceci peut s’expliquer par leur participation à l’administration publique et sociétaire visant à promouvoir d’idée d’un « Âge d’Or en Biélorussie », et par leur espoir que cette activité porterait ses fruits. En outre, certains fonctionnaires et hommes politiques de haut niveau ont soutenu publiquement les intérêts du mouvement pentecôtiste dans le pays (par exemple Paschkevitsch I.I.). Tout soutien public de l’opposition semblait mener à un échec total de l’idée de l’Âge d’Or ainsi qu’à la perte de l’aide et de l’influence de ces mêmes fonctionnaires. En 2002, des débats sont survenus dans la société, relatifs à l’adoption d’une loi relative à « la liberté de conscience et des organisations religieuses ». Amorcée par certaines sectes, par quelques fonctionnaires et politiciens, l’initiative publique « Pour la Liberté de la Foi » a vu le jour, son objectif principal étant d’empêcher l’adoption de cette loi. En cas d’échec, l’initiative prévoyait de recueillir 50 000 signatures afin de faire une demande d’abrogation ou de modification de la loi au parlement.[32] Malgré une forte résistance, la loi fut adoptée, causant la colère de la plupart des sectes. Cependant, l’adoption de la loi n’a généré aucune protestation majeure de la part de ces dernières, puisque, contrairement à l’attente générale, il n’y eut aucune persécution d’organisations religieuses. La grande majorité des communautés religieuses a ainsi été à nouveau immatriculée et il n’y a eu aucune raison formelle de passer de déclarations normales de mécontentement relatives à la loi à de grandes actions politiques. L’initiative « Pour la Liberté de la Foi », basée uniquement sur ses propres ressources, ne pouvait pas mener à bien le projet de récolte de signatures. Après la ré-immatriculation réussie des organisations religieuses et vue l’absence de toute situation de conflit, elle ne pouvait s’attendre à l’aide de qui que ce soit. Ainsi, l’idée d’utiliser le potentiel de minorités religieuses insatisfaites par l’opposition a échoué, tout d’abord parce qu’il n’était pas clair pour l’opposition dans quelle mesure ce potentiel était réel et justifié, et deuxièmement, le mécontentement des minorités n’était pas assez important pour risquer un conflit sérieux avec le gouvernement.

Les États-Unis, de leur côté, dans le cadre de la loi sur la liberté religieuse, adoptée en 1998, ont suivi avec attention la situation religieuse dans le pays et ont même critiqué la Biélorussie pour sa violation des droits de ses minorités religieuses ; jusqu’à aujourd’hui, cependant, ils n’ont eu aucune raison sérieuse d’exercer une pression politique sur la Biélorussie pour des questions de liberté de conscience et d’organisations religieuses. Entretemps, la participation active et réussie des pentecôtistes au cours de la révolution orange de l’Ukraine à la fin de 2004 a montré le véritable potentiel révolutionnaire des organisations religieuses. À nouveau se pose la question de savoir dans quelle mesure ce potentiel était présent en Biélorussie. Les nouveaux événements impliquant l’église des chrétiens du plein évangile « Nouvelle Vie » sont devenus le terrain expérimental idéal pour y déceler une réponse. En 2005, un conflit s’est développé entre la « Nouvelle Vie » et l’état au sujet d’un bâtiment ecclésiastique. Les particularités spécifiques du conflit ont peu d’importance si on les compare à la technologie de son exécution. En septembre 2005, le conseil de l’église a organisé une démonstration en face du bâtiment du comité exécutif à Minsk, afin d’exercer une pression sur le pouvoir et trouver une solution positive. Parallèlement, un message de l’union religieuse des chrétiens du plein évangile a été publié, dans lequel ils faisaient figurer leurs requêtes aux autorités et, à la fin du message était inséré un évident « rappel » : « En 1989, les actions dures et inconsidérées des autorités en Roumanie à l’égard des églises protestantes ont eu pour résultat un changement du gouvernement de l’époque. » En 2006, les Séverinets et quelques-uns des jeunes politiciens opposants ont révélé aux mass média la fondation de la démocratie chrétienne biélorusse (WCD/BHD) – le nouveau parti politique basé sur des valeurs chrétiennes et opérant « directement avec les organisations religieuses ».[33] Plus tard, le WCD a aidé activement la « Nouvelle Vie », en proposant des candidats pour l’élection suivante des représentants du peuple et en tentant de faire de la chrétienté l’élément de soutien de leur programme politique. En octobre 2006, la « Nouvelle Vie » a entamé une grève de la faim ; elle a coopéré activement avec des mass média nationaux et étrangers et est entrée en contact avec des diplomates étrangers. En avril 2007, la « Nouvelle Vie », a organisé, avec un grand battage publicitaire, la collecte de 50 000 signatures contre la loi en vigueur. Contre toute attente, cette récolte n’est pas prolongée. Il s’est avéré que toutes les sectes de Biélorussie n’ont pas soutenu, et de loin, les idées et les méthodes de la « Nouvelle Vie ». Enfin, les signatures ont été également recueillies au sein des églises orthodoxes. Là, les gens ne savaient pas à qui et à quoi profitaient ces signatures, on ne les en informait pas. Toutes les actions de la « Nouvelle Vie » ont accru sa réputation au sein des sectes chrétiennes de Biélorussie.

Dans des conférences du département d’état américain, les problèmes de la « Nouvelle Vie » et de l’activité du WCD ont été mentionnés. Mais la tentative de lancer l’activité révolutionnaire et politique des sectes chrétiennes en Biélorussie s’est terminée par un net fiasco. Ce fiasco n’est pas considéré comme l’échec de la « Nouvelle Vie » sur le terrain, parce que dans ce cas cette question n’a pas d’importance. Il concerne principalement l’incapacité des sectes chrétiennes à se comprendre mutuellement et à mobiliser les larges masses de population dans le but de protéger leurs intérêts. On peut assumer qu’à l’avenir, on persistera à rechercher le potentiel révolutionnaire des sectes chrétiennes. Les efforts du parti WCD et des pentecôtistes du pays pour influencer la politique ne doivent en aucun cas être condamnés ; il s’agit d’un droit qui leur est octroyé. Le problème réside en premier lieu dans les méthodes et les manières dont ils avaient l’habitude de procéder ; deuxièmement dans leur recherche de soutien auprès des états étrangers et des organisations internationales de défense des droits des citoyens, qui, au mieux, sont des opposants idéologiques de la Biélorussie et au pire agissent contre les intérêts de la société biélorusse ; troisièmement, dans le manque de tout programme d’action constructif, ce qui, en Biélorussie, peut mener à une répétition de la variante brésilienne de développement mentionnée plus haut.

Pour les luttes de politique intérieure, les politiciens peuvent exploiter non seulement les sectes, mais également le sujet de la lutte contre le sectarisme. Ainsi, au début des années quatre-vingt-dix, les dirigeants politiques russes ont fait des efforts pour obtenir la sympathie des votants en exprimant leur crainte vis-à-vis du problème du sectarisme et de l’activité des missionnaires étrangers.[34] Ainsi, les sectes ont été présentées comme un ennemi acharné, coupable de tous les fardeaux et les problèmes de la société. Leur destruction semblait être une partie importante de l’activité politique. D’un autre côté, les politiciens ont fréquemment tenté de s’accaparer les voies des électeurs en faisant référence au problème de la violation des droits des minorités religieuses. La protection complète des droits et libertés des minorités religieuses était donc garantie. D’autre part, les opposants pourraient révéler au public la coopération entre politiciens et fonctionnaires d’état et les sectes dans un but ultérieur de discrédit et d’exclusion. Les informations qui ont été divulguées à la presse à propos de la coopération du secrétaire du conseil de sécurité de la fédération russe, Oleg Lobow, avec Aum Shinrikyo, ou celle du premier ministre de la fédération russe, Kirijenko S. V, avec la scientologie, n’ont contribué en aucune façon à leur popularité. En Biélorussie, l’ancien président du conseil suprême, Stanislaw Schuschkevitch, a dû justifier ses contacts réguliers de plusieurs années avec la secte coréenne “Mouvement d’Unification ».[35]

Parfois, les hommes politiques et les fonctionnaires d’état coopèrent avec les sectes. Des discussions stériles ou une incompétence élémentaire pourraient en être la cause. Ainsi, certains ministres du gouvernement et fonctionnaires haut placés de l’administration présidentielle polonaise ont pris part à des séminaires de la nouvelle secte hindoue « Art de Vivre ».[36] Les fonctionnaires haut placés du gouvernement islandais ont été démis de leurs fonctions en raison de l’invitation envoyée aux Shamans, dans laquelle ils les invitaient à purifier les bureaux du gouvernement en chassant les esprits maléfiques.[37] Bill Clinton, alors qu’il était président des États-Unis, a accepté, par le biais d’une législation spéciale, d’accorder une contribution d’environ 50 millions de dollars à la secte « Science Chrétienne ».[38] En Biélorussie, il existe des exemples semblables. Certaines structures gouvernementales de la région de Mogilev ont payé un mage pour la conjuration de la pluie en été et ont coopéré activement au Mouvement de l’Unification.[39]

La multiplicité des voies de politisation interne des sectes et leur exploitation par les politiciens peuvent être résumées comme suit :

 

L’exploitation des sectes par les politiciensPolitisation des sectes
Politique intérieurePolitique internationaleNiveau théorétiqueNiveau pratique
1. Activités visant à déstabiliser ou renverser le système politique en vigueur et à participer à la préparation et à l’exécution de révolutions (pression externe)1. Exploitation du problème sectaire pour exercer une pression politique dans le pays

 

1. Arbitrage des processus politiques du point de vue idéologique de la secte1. Intrusion au sein du pouvoir (parti politique, administration d’état)
2. Exploitation, de la part des politiciens, du sujet de la lutte contre les sectes ou du sujet de la protection des droits et libertés des minorités religieuses pour attirer les électeurs

 

2. Exploitation des sectes par les services secrets

 

2. Le développement de doctrines politiques et religieuses

 

2. La fondation de partis politiques

 

3. Discrédit à l’égard de politiciens et fonctionnaires d’état, suite à la découverte de leur relation avec des sectes

 

3. Influence sur la politique à un niveau spirituel

 

3. Soutien de partis politiques déjà existants dans le pays (agitation électorale)

 

 

4. Coopération avec des sectes

 

4. Formation de l’opinion publique afin qu’elle corresponde aux intérêts stratégiques de la secte

 

Influence de la vie politique de la société et des modifications de la législation relative à l’activité des sectes et mouvements religieux

 

5. Manifestations, actions de protestation
6. Activités visant à déstabiliser ou renverser le système politique en vigueur et à participer à la préparation et à l’exécution de révolutions (pression interne)

 

Afin d’étudier le sectarisme et les sectes sur le territoire de n’importe quel pays du monde, on peut se référer au schéma ci-dessous. De la même manière, il faut distinguer les critères qualitatifs et quantitatifs de la politisation du sujet du sectarisme et des sectes. Le critère qualitatif principal est le nombre de sphères indiquées dans le tableau. Le critère quantitatif principal est le nombre d’exemples concrets de politisation de chaque sphère.

En appliquant ce modèle à la Biélorussie, on peut remarquer que le niveau de politisation interne du sectarisme en Biélorussie, selon le critère de qualité, est à peine au-dessus de la moyenne. Selon le critère quantitatif, le niveau de politisation du pays est plutôt bas. D’un autre côté, les critères quantitatifs et qualitatifs de l’exploitation des sectes de la part des politiciens en Biélorussie et le sujet du sectarisme en Biélorussie en politique internationale restent au même niveau. L’influence sur la vie politique de la société et sur la modification de la législation sur l’activité des sectes et mouvements religieux n’apparaît pas sur l’échelle de valeurs.

 

 

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